Les techniciens, les vétérinaires et les conseillers volontaires sont mis à contribution pour signaler les agriculteurs en détresse. Objectif : éviter les trop nombreux suicides.
Le monde agricole bénéficie d’un excellent maillage de partenaires de terrain. Ces acteurs sont souvent les premiers témoins des situations de fragilité des agriculteurs. De nombreuses organisations professionnelles se sont unies pour mettre en place le réseau Agrisentinelles. « Il aura pour mission de créer une synergie entre les différents dispositifs existants », indique Thierry Coué, éleveur de porcs, l’un des responsables du réseau. Dès le début de l’année 2019, les sentinelles volontaires seront formées à la détection des problèmes psychologiques.
« Ils devront repérer et aider les agriculteurs concernés à se diriger vers des dispositifs d’accompagnement existants, qui sont peu connus. Les sentinelles n’ont pas vocation à se substituer à ces dispositifs dont l’efficacité n’est pas à remettre en question. Elles n’ont pas une fonction d’assistant social. L’idée est bien de leur donner les clés de la « bonne attitude » à adopter en cas de situation difficile ». La démarche intègre également le devoir de respect de la vie privée de l’éleveur. La relation humain-animaux est pensée au cœur du dispositif, l’observation d’un mal-être chez l’animal étant souvent le reflet d’une détresse humaine.
Taux de suicide
Ce projet s’inscrit dans un contexte social difficile pour les éleveurs et les agriculteurs : leur taux de suicide est supérieur de 40 % à la moyenne de la population française (étude de Santé publique France sur les agriculteurs de 45 à 64 ans). Les ¾ des suicides concernent des hommes. Ils mettent fin à leurs jours par pendaison ou armes à feu. Les femmes utilisent majoritairement les médicaments.