La fin novembre est le moment de la campagne réservé aux bilans. L’occasion aussi d’évoquer le dispositif d’essais mis en place par la coopérative Triskalia. Ce réseau de 73 plates-formes teste et valide les variétés de demain, au service des agriculteurs.
Le service agronomie de Triskalia pilote deux dispositifs complémentaires pour tester les différentes variétés de maïs, fourrage et grain, qui seront ensuite proposées à la vente. L’un en micro-parcelles, l’autre en grandes bandes, avec des répétitions sur toute la région Bretagne, chez des prestataires d’essais ou des adhérents.
Une évaluation sur deux ans
Le réseau d’évaluation en micro-parcelles (16 plates-formes en 2018) permet l’observation de nouvelles variétés récemment inscrites, ou en cours d’inscription, au catalogue des semences. Les variétés sont évaluées jusqu’à 2 années en micro-parcelles. Les meilleures variétés observées en 2017 sont à nouveau passées au crible en 2018, afin de confirmer leurs bonnes performances. Ainsi sur les 49 variétés testées en 2017, 24 viennent d’être réévaluées en 2018.
Le réseau grandes bandes, où les variétés sont semées sur 3 à 6 mètres de largeur et sur une grande longueur, est utilisé en complément du réseau micro-parcelles, en deuxième année, pour la validation du choix des gammes variétales. Plus de 50 sites d’essais (36 sites pour le maïs fourrage et 21 sites en grain, cf. carte) sont implantés en Bretagne. Il permettent de mesurer la performance des variétés et de les valider dans une diversité de situations de sols, de climats, de rotations et de systèmes de cultures.
Des références locales
Ces plates-formes sont mises en place en collaboration avec les techniciens de la coopérative et des adhérents volontaires pour semer et récolter des essais. Ce réseau mutualise les ressources et les compétences, afin d’apporter une plus-value à tous les agriculteurs, qui bénéficient de références locales pour choisir les variétés à semer au printemps. Le réseau permet aussi de suivre les variétés déjà à la gamme et de définir lesquelles sont à la peine dans certaines conditions ou au contraire lesquelles s’adaptent aux contraintes (sols humides, stress à floraison…). Ces observations sont intégrées dans la réflexion pour modifier le référencement et adapter le conseil sur le choix variétal.
Les paramètres étudiés sont nombreux, le rendement et la valeur alimentaire, à la récolte, mais aussi tout au long du cycle avec les notes de vigueur au démarrage, les dates de floraison, la précocité, la tolérance aux maladies (helminthosporiose et fusariose), etc. Une dizaine de paramètres est ainsi notée pour chaque variété. Toutes ces notations sont ensuite utilisées, lors des synthèses, pour proposer aux producteurs de maïs des variétés qui amènent un gain de rendement par rapport à l’existant, en améliorant la rusticité. Les comportements face à des accidents en végétation liés à des phénomènes climatiques extrêmes (verse, stress hydrique) sont aussi intégrés dans les notations. Une bonne note de tolérance à ces stress ne garantit toutefois pas que la variété sera indemne. En effet ces phénomènes sont épisodiques et peuvent intervenir à des stades bien précis.
[caption id= »attachment_37872″ align= »aligncenter » width= »720″] Carte des menaces observées en Bretagne en 2018.[/caption]
Ainsi en dressant la carte des principaux accidents observés en Bretagne cette année (cf. schéma), on voit que quelques secteurs ont été fortement touchés par la verse en 2018. Les variétés semées aux mêmes dates ont donc toutes subi de plein fouet le coup de vent de fin juillet/début août. De même, si des variétés peuvent parfois paraître plus touchées par la pyrale que d’autres, c’est essentiellement parce que la pression de ce ravageur monte fortement depuis quelques années sur certaines zones de Bretagne.
Ce réseau d’essais permet donc de proposer aux agriculteurs bretons une offre variée de semences de maïs, adaptables à chaque région en fonction des conditions pédoclimatiques. Le nombre de variétés testées par la coopérative chaque année reflète l’effort des semenciers pour faire évoluer les potentiels. Ainsi on évalue le gain moyen annuel sur les variétés fourrages autour de 170 kg de matière sèche /ha. En 10 ans, il y a donc eu une amélioration de 1,7 tonne de matière sèche par ha de maïs semé. Cette amélioration est principalement liée à l’augmentation du gain de rendement grain (1 tonne supplémentaire).
Enfin, au-delà du choix variétal, la coopérative mène des essais sur tous les enjeux de la qualité du maïs : optimisation du semis et de la récolte, protection insecticide, plasticulture, fertilisation starter. Ceci afin d’acquérir des données permettant de conseiller les adhérents et de répondre à leurs attentes techniques ou réglementaires (arrêt des néonicotinoïdes, limitation des doses d’azote et de phosphore…). Les plates-formes d’essais en grandes bandes sont également des lieux de démonstration, pour que chaque adhérent puisse voir par lui-même les nouveautés des années à venir. Rendez-vous en 2019 !
Guillaume Gasc / Triskalia