« Une grenouille vit un bœuf. Qui lui sembla de belle taille ». Et forcément gourmand en eau, ajouta l’envieuse qui voulut répandre la rumeur que le bœuf asséchait sa mare. Gros bœuf buvait 15 000 L d’eau par jour prétendait la grenouille. L’avait-elle vérifié ? Avec sa placidité légendaire, le bœuf lui expliqua qu’il n’était pas un tonneau des Danaïdes et qu’une grande bassine de 50 L suffisait à étancher sa soif quotidienne.
Mort aux vaches ! Les anti-élevages ne sont jamais à court d’idées pour tailler des croupières à leurs ennemies impavides. Roteuse impénitente et buveuse invétérée, voilà donc la vache élevée au rang de dragon aux pieds palmés crachant le feu.
Mais de quoi parle-t-on ? Prétendre qu’il faut 15 000 L d’eau pour produire un kilo de viande bovine revient à additionner l’eau réellement bue par la vache et la pluie qui arrose sa surface de pâturage. Comme disait Kersauzon, la pluie ne tombe que sur les …. ! Sans compter qu’évaluer l’élevage bovin par le seul prisme de l’eau revient à oublier que labourage et pâturage participent à entretenir le territoire, le bocage et une riche biodiversité floristique et faunistique ; revient également à oublier que les pâtures, qui représentent un quart de la SAU bretonne, constituent des pièges à carbone très efficaces. Tous les secteurs économiques peuvent-ils se prévaloir d’un tel bilan ?
L’économie numérique, portée aux nues de la modernité, consommera en 2025 autant d’énergie que l’automobile mondiale. Et ce secteur de la souris numérique affiche une piètre sobriété : 10 000 L d’eau nécessaire pour produire un kilo de puces électroniques, soit 200 fois plus que pour fabriquer un kilo de steak. « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages », écrivait Jean de la Fontaine.