70 élus locaux et départementaux et agents de l’Administration ont répondu présent à l’invitation des éleveurs à l’origine de l’AOP « Présalés du Mont-Saint-Michel », le 3 octobre. Une action de communication expliquée par Yannick Frain, président de l’organisme de défense et de gestion.
Pourquoi organiser une journée de communication auprès des élus ?
Yannick Frain : Nous allons fêter les 10 ans de l’appellation d’origine en 2019. Cette démarche collective de qualité est l’aboutissement de 19 longues années de travail et de négociation. L’apparition de fraudes et de détournement de notoriété a conduit les éleveurs à réagir pour protéger notre savoir-faire auprès des consommateurs. Les éleveurs bretons ont tous décidé d’entrer dans la démarche AOP, à la différence des éleveurs normands, certains ayant préféré créer une marque commerciale « Le Grévin ».
L’appellation d’origine a en effet pour objectif de défendre notre production, ancrée dans les prés-salés de la Baie du Mont-Saint-Michel depuis plus de 1 000 ans, suite aux travaux d’endiguement. Mais ce milieu des présalés du Mont-Saint-Michel reste contraignant, avec des conditions d’élevage particulières. Nous voulions rappeler aux élus du département que l’appellation d’origine est loin d’être une marque commerciale. Ils doivent nous aider à valoriser cet atout, cette richesse du territoire (signalétique, mise en valeur au niveau touristique…).
Une des particularités de l’AOP concerne le pâturage sur le domaine public maritime. Un espace touristique…
Y. F. : Nous devons effectivement travailler avec des races rustiques, adaptées à pâturer sur le territoire des herbus, à l’équilibre fragile caractérisé par les plantes halophyles, soumis aux caprices des marées et des embruns. Et cet espace appartient au domaine public maritime, les éleveurs disposant d’une autorisation d’occupation temporaire (AOT) pour y faire pâturer leurs animaux. Nous devons le partager avec d’autres usagers. Et cet espace est de plus en plus fréquenté au profit d’activités touristiques et sportives très variées. Nous allons prochainement mettre en place des panneaux d’information, rappelant les bonnes pratiques à suivre pour une bonne cohabitation entre l’homme et l’animal. Nous aurons ainsi plus de légitimité lors de nos échanges avec les touristes. Pourtant, ce n’est pas à nous éleveurs de définir ces règles de savoir-vivre, ni de les communiquer, ni de financer les équipements qui permettent cette cohabitation…
Le foncier est une des problématiques dont vous parlez fréquemment.
Y. F. : Cette zone de pâturage étant sur le domaine public, les agneaux doivent pouvoir disposer d’une bergerie à proximité des herbus, par conséquent les bâtiments ne doivent pas être loin du domaine public maritime. Idem pour les zones de repli. Or, nous rencontrons des blocages avec les règles du bord des 100 m du rivage, les dispositions prévues par la loi Littoral, les Plans locaux d’urbanisme… De plus, auparavant entièrement gérée par la DDTM, la zone de pâturage est passée sous la responsabilité du Conservatoire du littoral (qui a confié la gestion du site au département 35) et de la DDTM.
L’association des éleveurs de Prés-Salés d’Ille-et-Vilaine est ainsi confrontée à deux gestionnaires différents, auprès desquels nous devons faire deux demandes d’AOT. Ces herbus, régulièrement recouverts par la mer, demandent une gestion pastorale spécifique pour conserver leur identité paysagère et écologique. Si nous travaillons dans un cadre de travail magnifique, il nous impose du travail administratif laborieux. Nous devons en effet suivre différents plans de gestion : ceux de l’AOT, de Natura 2000 et, en projet, celui de l’Unesco…