Lauréat du concours Graines d’agriculteurs 2018, Thibault Le Masle, associé à ses parents, Chantale et Hubert, à Inguiniel (56), a engagé 50 % de sa SAU en Mesure agro-environnementale Sol.
« Nous sommes, en premier lieu, des éleveurs », indique Thibaut Le Masle, à la tête, avec ses parents, d’un atelier volaille de 3 000 m2 et d’un engraissement porcin de 800 places. Il n’empêche, les deux éleveurs se passionnent pour l’agronomie sur leur ferme de 75 hectares. « Nous travaillons en non-labour depuis le début des années 2000 et nous avons progressivement adopté le semis direct, depuis 5 ans ». Cette orientation s’est finalisée par la signature d’une MAE Sol en 2017 sur la moitié de la surface. Ils s’engagent à implanter au moins 4 cultures sur les 5 années du contrat. La rotation principale est la suivante : blé-maïs-orge-colza (ou pois de consommation) avec des couverts végétaux (mélanges) en inter-cultures.
Phytosanitaire
L’exploitation est équipée d’un semoir Kuhn SD et, depuis un an, d’un semoir « strip till ». « Nous avions fait des essais satisfaisants de semis direct de maïs en technique strip till (prestation). Cette année, nous avons tout semé de cette manière, après avoir détruit le couvert végétal au rouleau ou au glyphosate (1 L/ha). Dans certaines parcelles, le rendement du maïs est trop moyen. La minéralisation a été un peu faible au printemps ; les plantes ont mis du temps à se développer. L’an prochain, nous épandrons 80 kg d’engrais starter pour assurer ». L’après glyphosate leur fait craindre des impasses. « J’espère que nous aurons des solutions. Surtout quand il y a des graminées. Le problème se pose moins sur dicotylédones ».
Dans la MAE Sol, les éleveurs s’engagent à ne pas dépasser annuellement l’IFT herbicides et hors herbicides de référence, propre aux cultures et au territoire. « Nous utilisons des produits bio-stimulants pour maîtriser les taupins. Il faudra juger l’efficacité sur la durée ». Sur céréales, ils utilisent un fongicide sur orge et deux sur blé. « Depuis deux ans, nous réduisons les doses. A chaque traitement, nous ajoutons un complexe de micro-organismes protecteurs (en mélange avec le fongicide). Cette année, c’était satisfaisant. Là encore, il faut tester sur la durée, notamment en année de forte pression sanitaire ». Les insecticides foliaires ne sont plus utilisés sur la ferme. Les éleveurs privilégient les variétés résistantes aux maladies « notamment à la JNO (jaunisse nanisante de l’orge) ». Les limaces sont surveillées de près. « Nous utilisons un produit homologué en bio, en cas de besoin ».
Fertilisation
Sur blé et orge, les éleveurs apportent respectivement 150 UN/ha et 120 UN/ha (en 3 et 2 passages), sous forme minérale. « Nous avons abandonné la fertilisation à base de lisier, aux résultats aléatoires ». Sur colza, deux apports de lisier et un d’ammonitrate (80 UN) sont réalisés. Le maïs bénéficie des effluents de l’élevage. L’engagement dans la MAE stipule que des analyses de sol en année 1 et à la fin du contrat soient réalisées. Le bilan humique devra être positif ou au moins équilibré pour chaque parcelle. La mesure oblige aussi à une analyse par l’Observatoire agricole de la biodiversité (OAB) des vers de terre sur 2 parcelles entre le début et la fin de l’engagement.
Travailler avec les apiculteurs
Colza associé, à l’essai
Le colza a été semé fin août à une densité de 35 grains/m2, en mélange avec d’autres espèces couvrantes : 3 kg de blé noir, 1 kg de phacélie, 2 kg de tournesol, 50 kg de féverole et 2,5 kg de trèfle nain. Ces espèces vont geler et laisser la place au colza (photo prise le 18 octobre). Aucun insecticide n’est utilisé sur colza ; les attaques de ravageurs ne sont pas fréquentes. Les variétés résistantes au phoma (champignon) sont privilégiées.
Les couverts végétaux sont à base de mélange de féverole, de seigle, de phacélie, de radis et de navette et restent en dessous de 45 €/ha de coût de semence. Des espèces fleuries qui prolongent le garde-manger des abeilles (5 ruches sur l’exploitation) jusqu’à mi-octobre.