Lutte contre les adventices : Se passer du plastique en paillage maraîcher

Sébastien Louarn, à gauche, est animateur technique et scientifique à la PAIS à Suscinio, en compagnie de Malick Diedhiou, stagiaire de BTS APV. - Illustration Lutte contre les adventices : Se passer du plastique en paillage maraîcher
Sébastien Louarn, à gauche, est animateur technique et scientifique à la PAIS à Suscinio, en compagnie de Malick Diedhiou, stagiaire de BTS APV.
Différents paillages sont en test à Suscinio (29), pour diminuer l’utilisation de plastique en maraîchage.

Les déchets plastiques issus de maraîchage étaient jusqu’à il y a peu stockés en ballots et prenaient pour partie la direction du port de Brest (29) en vue d’être transportés en Chine afin d’y être recyclés. « Le coût de cette opération a quasiment triplé », chiffre Sébastien Louarn, animateur technique et scientifique à la PAIS (Plateforme agrobiologique d’initiative Bio Bretagne à Suscinio). À cela s’ajoutent un bilan carbone plus que négatif, ainsi que le sentiment de ne plus gérer ses déchets en les expédiant sur un autre continent. C’est pourquoi et à la demande de producteurs, le responsable a lancé un programme d’essais comparant différents matériaux destinés à pailler les cultures maraîchères. L’utilisation de paillage plastique a aussi un
inconvénient majeur sur certaines cultures, comme pour les courges : le fruit repose sur ce paillage, le plastique peut s’insérer dans la peau de la cucurbitacée. En retirant les résidus de plastique, cette peau peut être abîmée, des conséquences sur la conservation peuvent alors apparaître, car une porte d’entrée pour les champignons et les bactéries est créée.

Du chanvre dans les légumes

Développé par la société Géochanvre, un paillage composé de fibre de chanvre est en essai sur les terres de l’établissement basé à Morlaix (29). Testé sur aubergine, épinard et courge, cette couverture naturelle fait l’objet d’observations suivant son épaisseur. « Nous avons examiné l’effet du chanvre en 750 gramme / m2 ou en 400 grammes. Le 1er semble trop épais, ne laissant passer que peu d’eau, hormis en aubergine où l’alimentation hydrique est réalisée au goutte-à-goutte, la vitesse de dégradation dans le sol sera aussi influée par cette épaisseur. Enfin, des légers phénomènes de faim d’azote peuvent apparaître ».

Les observations dans les essais porteront sur la facilité de plantation, le jugement de la reprise des plants, le rendement final, ainsi que sur la facilité d’arrachage du paillage : plutôt que de choisir des paillages biodégradables qui laissent trop de résidus au champ, et se retrouvant plusieurs années après leur utilisation dans la terre, créant des bourrages lors de passage d’outil, l’arrachage permet simplement de retirer toutes matières dans les planches.

Un paillage résistant

L’utilisation du paillage en chanvre a aussi des effets bénéfiques sur les aubergines, cultivées après pommes de terre primeurs : les repousses de pomme de terre ont habituellement tendance à percer les bâches composées de plastique. Le chanvre résiste à ces tentatives de percement du précédent. Un autre moyen de diminuer le recours au paillage est aussi appliqué à la PAIS, comme sur des cultures de tomate ou « nous semons un mélange de ray-grass / trèfle blanc sur les passe-pieds, qui sont ensuite tondus, au lieu de systématiquement les bâcher. C’est aussi une façon d’augmenter la biodiversité », confie Sébastien Louarn.

Les terminales S de l’établissement agricole apportent aussi leur contribution aux essais, comme sur une culture d’épinards où le paillage de chanvre à 400 grammes/m2 est comparé à un paillage plastique classique pré-percé de 23 microns, ou encore à un paillage d’une épaisseur de 15 microns. L’idée est d’observer les différences de croissance des végétaux, en laissant le moins possible de matières plastiques au champ. Enfin, une modalité utilisant un paillage de paille de céréale est aussi en place.

Comparer les épaisseurs et les couleurs

Si le paillage chanvre est déroulé sur les sols de la PAIS, des essais avec différentes épaisseurs de plastiques sont aussi en cours, avec des matériaux de 15, 17, 23 et 30 microns. Ce dernier, très épais, est utilisé pour observer son éventuel effet sur les vigueurs de démarrage, car il conserverait plus de chaleur dans le sol. Son épaisseur plus importante permet aussi de le retirer plus facilement, voire de le réutiliser pour des oignons ou des courges.

La couleur du paillage pourrait aussi avoir un effet sur la vision des prédateurs : une apparence plus claire brouillerait les pistes, limitant alors les attaques d’insectes. D’autres solutions alternatives déjà en essai à la Station expérimentale de Kerplouz (56) sont aussi envisagées, comme des bâches biodégradables à base d’amidon de maïs, de déchets de betterave ou d’extrait d’algues.

Des épinards en semis direct

La PAIS expérimente d’autres solutions sans plastique, comme des épinards semés en direct, sans paillage. « Le désherbage mécanique est alors obligatoire, à l’aide d’un pousse-pousse de chez Terrateck, complémenté par un passage manuel sur le rang ».


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