Les maïs grain ont bénéficié de 3 voyants au vert : des rendements corrects, des cours plus élevés que l’an passé et des frais de séchage moins coûteux. De quoi redonner de la compétitivité économique à la culture.
Les cours du maïs grain rendu Pontivy s’établissaient autour des 156 €/tonne en 2017. La dernière cotation pour cette campagne hisse le prix à 180 €, soit près de 30 € par tonne de différence. Cette année encore, les rendements sont qualifiés de corrects dans les bassins ayant bénéficié de pluies au stade floraison. Les battages précoces ont même permis de récolter du grain « à un taux d’humidité de 22 % dans les meilleurs cas, pour une moyenne de 29 % », chiffre Michel Le Friant, responsable du pôle céréales chez Triskalia. Pour mémoire, cette humidité mesurée lors de la campagne précédente était de 32 %. « Les frais de séchage ont diminué de 5 €/tonne ». Autant de plus pour les producteurs.
Ces très bonnes conditions de récolte additionnées à des plantes saines ont été favorables à un séchage naturel des grains. Une baisse d’humidité lente qui joue sur leur qualité, ceux-ci n’étant pas soumis à un choc thermique lors du passage aux séchoirs. « Les tests d’extraction de l’amidon des grains sont bons. Le séchage naturel de cette année améliorera les performances techniques des animaux », note le responsable céréales.
Rendements hétérogènes et bonnes surprises
La collecte à la coopérative représente pour cette campagne un total de 140 000 t, soit 20 000 tonnes de plus que l’an passé. Pourtant, les intentions de semis en culture de vente au mois de juin avaient diminué de 7 % par rapport à 2017. « Les rendements peuvent être très décevants dans les zones séchantes, pouvant descendre à 35 ou 40 quintaux. En revanche, les 120 quintaux secs sont atteints, là où les réserves hydriques ont été suffisantes. C’est le cas dans les régions de Pontivy (56), de Loudéac (22), et dans le Finistère », situe le responsable.
Ces bons rendements permettent avec un prix payé au producteurs de 140 €/t (frais de séchage inclus) « un produit de 1 260 €/ha, pour un rendement moyen de 90 quintaux. En y retirant 450 €/ha d’intrants, la marge brute sur intrants passe à 810 €/ha », chiffre Michel Le Friant. En déduisant les coûts de mécanisation (semis et récolte), la marge finale de la culture de maïs s’établit à 600 €/ha. « C’est une bonne surprise pour les producteurs de cultures de vente, qui réalisent un produit à l’hectare qui n’est pas inintéressant. Certains Fafeurs deviennent parfois de potentiels livreurs ».
Pour Hervé Le Merrer, conseiller économique et juridique à l’association de gestion Icoopa, les cultures de vente de maïs grain « ne suscitaient que peu d’intérêt jusqu’à présent. C’est une culture onéreuse qui demande un engagement financier plus fort, notamment sur le poste semence, en comparaison à une céréale à paille. Mais le maïs gagne au niveau fertilisation, n’utilisant qu’un engrais starter, et valorisant très bien les amendements organiques de la ferme. Les charges fluctuent peu d’une année sur l’autre ». Comparé à une céréale où le coût de protection de la culture est fonction des conditions climatiques. Et le conseiller de rappeler que « cette année, le produit de la culture est souvant exceptionnel mais il n’est pas à généraliser ».
Dans les secteurs où la pousse était au rendez-vous
Les producteurs de lait ont profité de moissonner quelques parcelles une fois les ensilages terminés, et arrivent alors à une marge comparable à celle d’un blé.
Des maïs plus couteux à récolter
Les rendements ont couvert les besoins
Les moissonneuses sont rangées à la Toussaint, signe d’une année très précoce. Nous avons vendu quelques volumes de maïs grain excédentaires, mais globalement les exploitations agricoles ont un calibrage de leur sole lié à la taille de leur structure. Nous sommes dans une année climatique au-dessus de la moyenne, avec des taux d’humidité à la récolte exceptionnels. Nous sommes toutefois dans un contexte de menace, même si elle n’a pas été observée cette année, avec une pression faible des maladies. Celles-ci pourraient poser problème à l’avenir, comme la kabatiellose, et sans parler de ravageurs comme la pyrale qui s’installe peu à peu. Jean-Alain Divanac’h, éleveur de porcs et producteur de lait à Plonévez-Porzay (29)