La phase 0-6 mois détermine la carrière de la future laitière. Ceci n’est plus un secret mais on constate encore des croissances pénalisantes dans certains élevages. Après 6 mois, des indicateurs permettent d’optimiser cette phase. Retour sur les bonnes pratiques par le Gaec Saint Georges à Plouha (22) et le Gaec Ty Bras à Plouarzel (29).
Les associés de ces deux élevages ont trouvé les petits « plus » qui font la différence dans l’élevage des génisses. Pour la méthode, chacun la sienne mais il y a bien un dénominateur commun : la rigueur. Nadine et Yvon Thomas, du Gaec Saint Georges et Françoise et Daniel Petton, du Gaec Ty Bras, nous livrent leur expérience.
De la naissance au sevrage
Réalisons un premier focus sur cette phase chez Nadine et Yvon. À deux sur l’exploitation, avec des légumes à cultiver, pas de place à l’improvisation. Tout doit être optimisé et simplifié dans l’organisation du travail. Après une première semaine au colostrum chauffé au bain-marie, les veaux passent à l’aliment d’allaitement (BreizVo). Les éleveurs précisent : « Nous avons choisi la simplicité et la sécurité qu’offre un aliment d’allaitement il y a 10 ans. Nous préparons la buvée au fouet avec de l’eau chaude à 40°C et nous distribuons deux repas par jour. Cela nous permet de vérifier, matin et soir, que tout se passe bien. Dès que le seau est fini, nous l’enlevons et le lavons systématiquement. »
À partir de la 2e semaine, les veaux commencent à ingérer du Gadélia Mash, qui est proposé 30 minutes après la préparation lactée avec de l’eau à volonté et un peu de paille d’orge. L’eau est potable, de bonne qualité chimique et bactériologique et de pH neutre. L’agricultrice complète : « J’ajuste progressivement les quantités et, dès que la consommation de l’aliment solide atteint 2,5 kg, je sèvre les veaux. » Les associés limitent au maximum le stress au sevrage afin de ne pas perturber les veaux dans leur croissance. Jusque-là installé dans une niche individuelle sur caillebotis, le veau passe dans une case collective de 3 à 4 animaux. La niche est ainsi nettoyée au karcher entre chaque veau. « Et pour éviter la compétition alimentaire à l’auge, nous bloquons les génisses au cornadis. » Nadine et Yvon Thomas recherchent clairement à anticiper les problèmes sanitaires en s’inscrivant dans la prévention. Ils suivent d’ailleurs la même logique pour leurs vaches taries ; le tout de manière simple, efficace et sérieuse « afin d’éviter de faire les pompiers » concluent-ils.
[caption id= »attachment_37776″ align= »aligncenter » width= »720″] Nadine et Yvon Thomas observent beaucoup leurs animaux pour la prise de décision. À leurs côtés, Pascal Gaubert, technicien ruminants Triskalia.[/caption]
L’indicateur « poids »
Du côté de Plouarzel dans le Finistère, Françoise et Daniel Petton misent également sur le même aliment d’allaitement, mais en un repas par jour, ainsi que sur la propreté des seaux et du logement pour les veaux. L’agricultrice va même jusqu’à désinfecter les seaux deux fois par semaine. Elle rajoute : « S’il reste de l’aliment solide (Gadélia Miss) de la veille, je l’enlève du seau et en remets en début d’après-midi lorsque les veaux ont bien digéré le lait en poudre. À l’approche du sevrage, les veaux sont mesurés au mètre-ruban et, dès qu’ils atteignent 110 kg, nous les sevrons. Pour la transition, je leur donne un demi-seau d’eau tiède qui est tout de suite bu et qui remplace un peu l’aliment lacté ».
Après le sevrage, les génisses reçoivent jusqu’à 3,5 kg de Gadélia Miss en 2 repas avec de la paille à volonté. « À 6 mois, on cible un poids de 200-220 kg, puis elles sont mises au pâturage avec une complémentation, du foin à volonté et des seaux à lécher », complète l’éleveur. À leur retour en bâtiment au mois d’octobre pour la période d’insémination, elles sont à nouveau mesurées. Les éleveurs estiment qu’il faut qu’elles pèsent 420 kg à l’insémination artificielle et que les vêlages s’effectuent à 24 mois maximum. « Nous arrivons à atteindre nos objectifs car nous suivons scrupuleusement le protocole que nous avons mis en place », précisent les associés. Pas « d’à-peu-près » dans ces deux approches qui confirment que l’élevage de la génisse mérite une attention particulière.
Carole Perros / Triskalia