Six semaines pour préparer la brebis à l’agnelage

 - Illustration Six semaines pour préparer la brebis à l’agnelage
(c) Ciirpo.
La Ferme du Rocher porte une attention particulière sur l’alimentation de ses 650 brebis durant les deux mois qui précèdent la mise bas, pour des agneaux vigoureux et autonomes.

Des essais menés en 2017 en centre expérimental et élevages ont permis de mettre en évidence que les agneaux étaient plus vigoureux grâce à une bonne couverture alimentaire de la mère avant la mise bas. Christophe Roger, installé avec sa sœur, en exploitation ovine à Québriac (35), a participé à cette étude. En relevant 100 % des mortalités, il a recensé 15 % de pertes dans son atelier.

Alloter selon la taille de la portée

[caption id= »attachment_37815″ align= »alignright » width= »135″]Christophe Roger, éleveur à Québriac (35) Christophe Roger, éleveur à Québriac (35)[/caption]

Une donnée qu’il espère diminuer en poursuivant le travail entamé autour de la conduite du troupeau et de l’alimentation des brebis durant les six semaines qui précèdent la mise bas. « Les brebis sont tondues. Selon les dénombrements d’agneaux réalisés lors des échographies, on sépare les simples, les doubles et les triples. Et les brebis peuvent être réallotées selon l’évolution de la notation d’état corporel », décrit-il lors de son témoignage à la conférence organisée par Inn’ovin au Space, à Rennes, portant sur la vigueur des agneaux à la naissance. Avant de préciser : « Souvent les brebis portant trois agneaux sont sous-alimentées. En veillant à l’alimentation de ce lot de triples, on arrive à avoir des agneaux de 4 kg qui ne demandent pas plus de suivi que les autres pour l’éleveur. »

De plus, il note qu’« une brebis qui n’est pas en état à la mise bas développe moins d’instinct maternel et s’occupe plus de son alimentation que de ses agneaux. » Aussi, durant cette période, il apporte à ses brebis l’enrubannage de qualité, complémenté avec un mélange d’orge et de féverole (50 % de chaque), deux fois par jour. En fin de période, les lots de triplés reçoivent 1 kg de ce concentré, 800 g pour les doubles et 600 g pour les simples.

Prévenir plutôt que guérir

L’élevage, qui vend toute sa production en circuit court, étale ses mises bas autour de quatre périodes : janvier, avril, juillet-août et octobre-novembre. Pour grouper les agnelages, des béliers vasectomisés sont intégrés dans les lots 14 jours avant d’introduire le bélier pour les saillies durant 21 jours. « On essaie de grouper les naissances, car on a plus de soucis sur les agneaux qui naissent en fin de période sur des mises bas longues », relève Christophe Roger. Avant d’avouer aussi que : « Sur une période d’agnelage longue, l’éleveur est moins efficace à la fin qu’au début… » D’où la nécessité de prévenir en intervenant au préalable sur les brebis plutôt que de passer du temps à soigner plus que nécessaire des agneaux après leur naissance.

La mortalité des agneaux est précoce

La mortalité des agneaux est un thème complexe. Complexe car les facteurs sont multifactoriels et peu de données sont disponibles : qui relève de manière exhaustive les morts, leur âge, les mort-nés avec précision et fiabilité sur toute une campagne ? Et pourtant, cette donnée impacte directement la rentabilité de l’atelier. Car 3 points de mortalité en moins représentent 8 € de marge en plus, chiffre l’Institut de l’Élevage. Pour affiner ce thème, une étude a été réalisée auprès de 54 éleveurs d’Auvergne-Limousin de 2012 à 2014. Il s’avère qu’en moyenne on dénombre, pour 152 % de prolificité, 14 % de mortalité sur les agneaux sur les deux mois qui suivent l’agnelage (et 3 à 4 % après).

« Mais ce qui est important, c’est la variabilité d’un élevage à un autre et la répétabilité des données : certains ont mis en place des actions de conduite de troupeau, d’alimentation ou de valeur génétique, pour être à moins de 10 % de mortalité quand d’autres sont systématiquement à plus de 20 % sur cette période », rapporte Laurence Sagot, de l’Institut de l’élevage, lors d’une conférence au Space à Rennes (35), en septembre dernier. « Et le gros des pertes entoure la mise bas : 71 % de la mortalité totale des agneaux a lieu avant 10 jours d’âge ». Une donnée qui chute à 50 % si on exclut les mort-nés.


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