De tout temps, l’agriculteur a dû composer avec les risques. Climatique d’abord. Les vaches efflanquées représentées sur les tableaux des peintres animaliers néerlandais du XVIIe siècle témoignent de la récurrence de mauvaises récoltes en Europe. Plus près de nous, les photos noir et blanc de foires bretonnes montrent au travers d’animaux à la côte saillante que l’opulence fourragère et céréalière est encore aléatoire au début du XXe siècle. En fait, jusque les années 70, il n’est pas rare que les bovins bretons doivent se contenter de foin sans valeur, « séché » sous 10 jours de pluie. À cet égard, le maïs ensilage a été la première assurance climatique des éleveurs bretons. Aujourd’hui, les sécheresses à répétition et les hivers très pluvieux remettent le climat au rang des risques majeurs pour l’agriculture.
Les agriculteurs doivent aussi assumer le risque sanitaire. Autant en culture et qu’en élevage. Les premières mutuelles bétail créées au début des années 1900 se destinaient à aider les familles à l’époque où perdre un animal était une catastrophe économique. Ce risque sanitaire est toujours bien réel. Il menace encore l’équilibre économique des exploitations. La PPA aux frontières de la France le rappelle avec acuité.
À ces deux risques « naturels », est venu s’ajouter, depuis les années 90, le risque lié aux marchés. « Il faut s’habituer à la volatilité des prix », s’entendent répéter les agriculteurs. Oui, mais comment faire quand les périodes de prix haut, indispensables pour faire des réserves de trésorerie, deviennent rares et brèves ? Demander à l’agriculteur d’assumer seul les risques climatique, sanitaire et commercial tient en fait de la gageure.