Après trois années d’existence, Kengo, la plate-forme bretonne de financement participatif dresse un premier bilan de son activité. Et dévoile quelques-unes des belles histoires qu’elle a accompagnées.
Sur la couverture du magazine, une bigoudène matinée de pop art, le poing serré et la coiffe fière, affiche toute sa détermination. « Yes, we Kengo » martèle le titre. Et, vu le regard de la matrone, il ne viendrait à l’esprit de personne d’en douter. En pages intérieures, à la lecture des témoignages, l’affirmation se fait évidence. Oui, Kengo est bien un formidable catalyseur d’aventures humaines.
[caption id= »attachment_37985″ align= »aligncenter » width= »513″] En trois années d’activité, Kengo a financé 325 projets en collectant un total de plus d’un million d’euros auprès de 21 000 contributeurs.[/caption]
Cela fait un peu plus de trois ans que la start-up finistérienne a vu le jour. Fondée par Serge Appriou, cette plateforme de financement participatif à la sauce armoricaine a su trouver sa place dans le paysage breton. « Depuis notre lancement, nous avons reçu quelque 1 450 projets. Sur ce total, nous en avons retenu 465 ». Les critères d’éligibilité ? « Il faut que le projet proposé soit, bien sûr, légal mais également cohérent et avec un impact collectif ». Sans oublier le lien avec la Bretagne. « Le projet doit être porté par un Breton, ou être basé sur l’un des cinq départements de la Bretagne historique ou encore profiter à la Bretagne, au sens large ». Parmi tous les dossiers présentés sur le site à ce jour, près de 70 % ont été financés, ce qui situe Kengo dans la moyenne nationale du secteur.
La clé de la communication
Fort de ce démarrage concluant, l’équipe a souhaité prendre le temps de faire un pas de côté, afin de mesurer l’impact de son action. Surtitré « Histoires de réussites bretonnes », le premier numéro du magazine Kengo retrace ainsi le parcours de quatorze projets accompagnés par la plate-forme. Et il y en a pour tous les goûts. Cela va de la sauvegarde du café-concert Run ar Puñs ouvert dans la campagne finistérienne en 1978 à l’installation d’un berger dans le Morbihan, en passant par la création d’un vignoble sur les bords de Rance.
Les initiatives avec un fort ancrage local ayant le vent en poupe, Kengo accueille régulièrement des projets liés à l’agriculture, notamment sur les circuits courts. « Le point déterminant dans le succès d’un dossier, constate Serge Appriou, n’est pas lié à sa nature mais à la manière dont est réalisée la communication. En effet, six à sept dons sur dix proviennent des réseaux sociaux, et tout particulièrement de Facebook qui représente une communauté bretonne avoisinant les deux millions de personnes ».
Généraliste et régionaliste
Preuve que la solidarité des Bretons n’est pas un vain mot, depuis ses débuts, Kengo a déjà collecté plus d’un million d’euros auprès de 21 000 contributeurs. « Ce sont à 85 % des personnes habitant en Bretagne, Loire-Atlantique comprise, explique Serge Appriou. Les 15 % restants sont issus de la diaspora, ce qui confirme notre positionnement de plate-forme généraliste, de par la diversité des dossiers proposés, et régionaliste, en raison de notre ancrage territorial ».
Pour se rémunérer, Kengo prélève une commission sur les projets qui, grâce à son concours, parviennent à se financer. La start-up, qui compte quatre salariés, se développe bien et a déjà réussi à installer sa marque. « Nous sommes dans notre plan de marche. Nous avons la chance d’avoir, avec Le Télégramme et Arkéa, deux actionnaires de long terme. Mais l’objectif est bien d’équilibrer nos comptes dans les prochaines années ».
Le contexte est d’ailleurs plutôt porteur. Les dotations de l’État aux associations et aux collectivités locales se réduisant comme une peau de chagrin, celles-ci sont condamnées à trouver des sources alternatives de financement. Et le crowdfunding peut constituer une partie de la réponse comme l’a démontré la mobilisation citoyenne qui a permis à la commune de Locronan d’acquérir cette année, pour son musée local, une statue d’Anne de Bretagne. De quoi réchauffer tous les grands cœurs de Breizh.
Jean-Yves Nicolas