Des maraîchers utilisent le pouvoir des sons pour aider leurs cultures à se prémunir des maladies et à optimiser leur croissance. Des mélodies sont diffusées 2 à 4 fois par jour pendant une dizaine de minutes.
« En juin 2017, j’ai eu de gros problèmes de mosaïque du concombre qui a ensuite migré sur des courgettes. J’ai utilisé du purin d’ortie qui a limité la propagation. Mais à l’automne, le même virus s’est attaqué à mes épinards : ils jaunissaient », a témoigné Gwenaël Floc’h, lors d’une rencontre sur le procédé génodique organisée sur son exploitation le 10 décembre, à l’initiative d’Agrobio 35. Basé à Val-d’Anast (EARL du Château), le maraîcher produit des légumes bio sur 4 500 m2 sous abri.
« Contre ce virus, je n’avais qu’une solution : ôter les plants atteints. » L’hiver dernier, le maraîcher s’est donc intéressé à la génodique qui consiste à émettre des sons pour favoriser les défenses naturelles des plantes et les aider à lutter contre les maladies d’origine virale, bactérienne ou fongique.
La musique des protéines
Ces musiques, appelées « protéodies », sont émises au milieu des cultures entre 2 et 4 fois par jour, pendant une dizaine de minutes. Elles stimulent ou freinent la production de certaines protéines. Selon les travaux menés par Joël Sternheimer, docteur en physique théorique et musicien, chaque acide aminé qui compose une protéine émet une onde lors de la formation de la protéine. Il est ainsi possible de reconstituer une mélodie spécifique à chaque protéine qui va influencer sa production. « Sur l’EARL du Château, nous avons mis en place des mélodies qui favorisent la photosynthèse, passées plutôt en début de saison, ou qui améliorent les défenses immunitaires. Une autre musique agit contre les pucerons, en inhibant la production de leur venin, sans nuire aux auxiliaires », détaille Pedro Ferrandiz, directeur de la société Genodics qui développe l’utilisation des « protéodies ».
Des résultats convaincants
« Cet été, le virus de la mosaïque était un peu présent, mais ne progressait pas. J’ai aussi observé une plus faible évolution du botrytis et du mildiou, même sur les variétés plus sensibles. Globalement, les plantes ont eu le dessus », indique Gwenaël Floc’h. Le coût a été de 3 000 € la première année, puis sera de 1 500 € par la suite, comprenant l’assistance technique, la mise en place du matériel, les licences, avec une garantie sur les résultats. Jean-Michel Robin, maraîcher à Bréal-sous-Montfort, utilise quant à lui cette technique depuis plus de 6 ans. « J’ai beaucoup moins de pertes et je n’ai presque plus recours aux pesticides. Les cultures sont beaucoup plus régulières. » Le producteur utilise une clé USB avec différentes « protéodies » pour l’hiver et une autre clé pour l’été.