Diagnostiquer la densité de son silo

En réalisant un diagnostic de densité, l’éleveur connaît précisément son volume de stock de fourrage. Il sert aussi à déceler d’éventuels problèmes de conservation. - Illustration Diagnostiquer la densité de son silo
En réalisant un diagnostic de densité, l’éleveur connaît précisément son volume de stock de fourrage. Il sert aussi à déceler d’éventuels problèmes de conservation.
BCEL Ouest propose de diagnostiquer son ensilage en mesurant sa densité, son pH et sa température, afin de comprendre comment optimiser la conservation du fourrage et connaître précisément son stock.

Mesurer la densité de son silo de maïs s’avère être très utile pour connaître précisément le tonnage de son stock de fourrage. Une densité faible renseigne aussi sur des futures pertes à prévoir, avec des maïs qui se conserveront mal. Chez BCEL Ouest, les équipes de conseillers élevage sont équipées de kits permettant la mesure précise de ces densités. « Nous utilisions auparavant des caméras thermiques qui mesuraient la température du front d’attaque, afin de visualiser les zones plus chaudes du tas d’ensilage. Cette technique a été abandonnée car la présence d’une poche de température plus élevée a pour origine plusieurs facteurs », explique Johann Cariou, responsable technique nutrition chez BCEL Ouest.

Ces caméras avaient aussi le désavantage d’être moins précises en cas de températures extérieures hautes ou basses. Des compactomètres ont aussi été utilisés, mais donnant des résultats peu fiables suivant l’opérateur qui réalisait les mesures. Depuis, le diagnostic s’est affiné, avec des carottages, des mesures de température et de pH, possible sur ensilage de maïs, d’herbe, de maïs épi ou sur fourrages stockés en boudin.

30°C au cœur du tas

Neuf à dix prélèvements à la carotteuse donnent des résultats significatifs. Suivant la longueur de la carotte prélevée (entre 10 et 25 cm), les techniciens enregistrent des données comme la masse de l’échantillon, mais aussi la teneur en matière sèche de l’ensilage. L’objectif pour une parfaite conservation est de se situer dans une densité supérieure à 230 kg MS/m3. « En dessous de 200 kg MS/m3, les pertes liées à l’échauffement sont conséquentes. La température peut grimper à plus de 30 °C au cœur du tas ». Cet échauffement engendre une double pénalisation, avec des pertes de volume de fourrage, ainsi qu’une moindre ingestion par les animaux. « Il peut aussi être pénalisant pour les éleveurs préparant leur ration pour plusieurs jours, comme c’est le cas pour certaines vaches taries, ou pour les élevages équipés de cuisine. Après 2 à 3 jours, ces fourrages ne seront plus distribuables ».

Pour récupérer ces fourrages moins appétents, le responsable conseille de « badigeonner le front d’attaque avec ½ litre d’acide propionique ou d’incorporer cet acide dans la mélangeuse à raison de 3 à 5 litres par tonne brute totale de la ration ». Sur un front d’attaque qui a tendance à chauffer, il déconseille de rabattre la bâche afin de le protéger contre les étourneaux. « La température ne pourra alors plus diminuer avec cette bâche, les moisissures vont rapidement se développer en additionnant température et humidité ambiante ».

Tout se joue en 3 semaines

Ces diagnostics de densité sont réalisés dès l’ouverture des silos. L’évaluation du pH de jus de maïs complète ces mesures. « Si le maïs présente un pH supérieur à 4 trois semaines après la récolte, c’est que la fermentation ne s’est pas correctement déroulée ». Le maïs ne se stabilisera jamais, il y aura par la suite une production d’acide butyrique. Les pertes liées à la conservation peuvent coûter très cher, « elles peuvent s’élever en moyenne et dans le pire des cas sur une année à 15 %. Cet hiver, la tonne de MS de maïs se négocie entre 120 et 150 €, et les prix risquent encore d’augmenter… », prévoit Johann Cariou. Pour la campagne passée, BCEL Ouest a effectué 600 diagnostics gratuits de densité.

Rappel des objectifs à viser

• Avoir une densité moyenne sur le silo > à 220-230 kg MS/m3, • En dessous de 220 kg MS/m3 la densité est insuffisante et des pertes liées au tassage peuvent exister. L’intérêt des conservateurs sur des densités faibles est très limité, • Viser un pH< à 4, synonyme de bonne fermentation, • Pour rappel et sur les maïs 2017 la moyenne des carottages était > à 227 kg MS/m3 (plus de 240 kg MS/m3 sur les maïs brins longs). En 2018, une hétérogénéité des densités est constatée, allant de 204 kg MS/m3 à 280 kg MS/m3 selon la matière sèche et selon le mode opératoire de tassage. Cette année, les maïs affichent des teneurs moyennes en matière sèche de 3 points au-dessus de l’année passée, à 37 %.

Des carottages très variables cette année

« Alors que les maïs 2017 étaient très réguliers, ceux de 2018 sont très hétérogènes. Les ensilages récoltés en brins longs présentent souvent des moisissures qui ne sont pas dues à un mauvais tassage, mais s’expliquent par la présence forte de fusarioses sur les maïs en fin de cycle, car les cultures ont grillé d’un seul coup. Des mycotoxines peuvent se développer, comme des Don. Chez certains éleveurs, ces Don sont 5 fois supérieurs au seuil toléré, engendrant des problèmes d’ingestion, de production laitière et même de reproduction ».


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