À quelques semaines des prochaines élections Chambre d’agriculture – du 14 janvier au 31 janvier 2019 –, les élus sortants ont dressé le bilan d’une mandature marquée par la difficile reconquête du revenu.
Fin janvier, Jacques Jaouen passera le flambeau de la présidence à la Chambre régionale d’agriculture. Après deux mandats, le patron de l’agriculture bretonne partira avec un sentiment de chantier inabouti. Inabouti sur le difficile sujet du revenu agricole. « Où se fait la valeur ? Qui confisque la valeur ? Ces questions ont concerné toute la mandature », abonde Marcel Denieul, président de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, rappelant que « la question est fondamentale et lancinante ». Et l’élu de constater que le revenu dégagé par l’agriculture et l’agroalimentaire « ne ruisselle pas dans les fermes ».
« Tout ne se passe pas à Paris »
Le fera-t-il demain ? Le constat au sujet des EGA dressé par Laurent Kerlir, président de la Chambre du Morbihan, porte en lui la réponse. « Nous sommes restés sur notre faim. Aujourd’hui, le lait est toujours valorisé à 280-300 €/1 000 L en restauration collective. Insuffisant pour rémunérer les éleveurs », observe-t-il, en faisant le même bilan au sujet des repas servis dans les écoles : « Pour que l’agriculteur soit correctement rémunéré, il faudrait que le repas passe de 1,60 €/jour à 2 € ».
Ce bilan décevant conduit les élus de la chambre consulaire à inviter les agriculteurs bretons à compter sur leurs propres forces pour faire bouger les lignes. Et donc de s’appuyer sur la Chambre d’agriculture, relais entre la profession et les pouvoirs publics. « Tout ne se passe pas et ne se passera pas à Paris », insiste Jacques Jaouen qui invite implicitement les agriculteurs bretons à prendre leur destin en main et à compter sur leurs propres forces. « Sans corps intermédiaire – la Chambre en fait partie – la profession se coupe des organes de représentation et de décision ».
Régionalisation et proximité
Ce bilan de mandature ne pouvait pas s’exonérer de couper court aux griefs faits à la Chambre d’agriculture de s’être éloignée de sa base de par la régionalisation de l’institution. « Notre organisation régionale nous permet d’être présents dans les territoires », insiste le président de la Chambre régionale. Et Laurent Kerlir d’appuyer : « Convergence ne veut pas dire absence sur les territoires. Nous sommes présents sur tous les sujets liés aux territoires : environnement, paysage, etc. ». Les agriculteurs partagent-ils ce sentiment que régionalisation et proximité ne sont pas antinomiques ? Le taux de participation des agriculteurs aux prochaines élections Chambre d’agriculture sera, à n’en pas douter, un bon indicateur de mesure.