Le cheval breton fait partie de la famille

Quentin Prigent, Raymond et Mimi Vigouroux, Bernadette, Manon et Claude Prigent avec les juments Uzila de Kerza et sa fille Couickly de Kerza - Illustration Le cheval breton fait partie de la famille
Quentin Prigent, Raymond et Mimi Vigouroux, Bernadette, Manon et Claude Prigent avec les juments Uzila de Kerza et sa fille Couickly de Kerza
Chez les Prigent-Vigouroux, l’élevage de Chevaux bretons et la participation aux concours sont d’excellents prétextes à vivre des émotions tous ensemble.

En septembre dernier, au concours national du Cheval breton à Lamballe, Couickly de Kerza, 6 ans, empochait le Prix de championnat chez les poulinières suitées. Une « petite consécration » pour la famille Prigent, de Plélauff (22), chez qui la passion est transmise de génération en génération.

Toujours des chevaux sur la ferme

« Dans les fermes bretonnes, les chevaux ont longtemps été utilisés pour le labour, le binage, le transport… Mais à l’arrivée des premiers tracteurs au tout début des années 60, ils ont peu à peu disparu. À l’époque, ils avaient une grande valeur et les agriculteurs les vendaient pour acheter un tracteur », se rappellent Mimi et Raymond Vigouroux, de Plounéventer (29). « Mais chez nous, la ferme n’a jamais vécu sans chevaux. » Pas étonnant que Quentin, 7 ans en 1998, ait attrapé le virus pendant ses vacances estivales passées chez ses grands-parents finistériens. « C’était un enfant très actif. Au contact des animaux, il était obligé d’être calme. À la fin de l’été, il s’allongeait sur le dos de Jalina, une pouliche d’un an… Nous n’avions plus le choix, nous la lui avons offerte », sourit la grand-mère.

[caption id= »attachment_38098″ align= »aligncenter » width= »720″]Couickly de Kerza, sacrée Championne des poulinières suitées au dernier National de Lamballe, avec Alexandre Thos, Claude et Quentin Prigent entourant Raymond Vigouroux. Couickly de Kerza, sacrée Championne des poulinières suitées au dernier National de Lamballe, avec Alexandre Thos, Claude et Quentin Prigent entourant Raymond Vigouroux.[/caption]

Voilà comment le premier Cheval breton a débarqué sur la ferme de Bernadette et Claude Prigent, les parents de Quentin, à Plélauff (22). « Enfant, j’avais toujours été habituée à manipuler les chevaux. C’est un animal proche de l’homme, affectueux avec son monde », explique Bernadette qui a accueilli avec plaisir le cadeau de ses parents. Même Claude, son époux, n’a pas mis longtemps à être mordu. « Je n’y connaissais rien », confie-t-il. « Mais comme Raymond, nous nous sommes mis à participer aux concours en démarrant au bas de l’échelle. Dans notre quotidien sans congé d’éleveur de porc et de vaches allaitantes, les chevaux sont une bouffée d’oxygène. Cette odeur dans les box, le matin, quand on vient les nourrir, c’est quelque chose… »

Le cheval cimente les liens

Désormais, la famille est toujours au rendez-vous de la race. Départementaux du Finistère-Nord et des Côtes d’Armor, bien souvent National de Lamballe, Foire de Kérien… « À notre époque, pour les concours, nous brossions simplement les chevaux et leur lavions les pieds. Aujourd’hui, ils ont droit au shampoing », s’amuse Mimi Vigouroux aux côtés de Quentin, son petit-fils. Ce dernier, minutieux et exigeant, est devenu un expert de la préparation et de la présentation. Il a appris avec son grand-père avant de se perfectionner avec les « copains » plus expérimentés. « Il y a du temps à passer autour des animaux pour bien les mettre en valeur : laver, couper les poils, toiletter les oreilles, bien tresser les crinières… », détaille le jeune technicien en concession de machines agricoles, souvent de retour le week-end sur l’exploitation familiale.

[caption id= »attachment_38096″ align= »aligncenter » width= »720″]Quentin Prigent présente Helios de Kerza, un mâle de 18 mois. Quentin Prigent présente Helios de Kerza, un mâle de 18 mois.[/caption]

Cette passion a cimenté les liens entre les générations, jusqu’à la fille de Quentin, la petite Manon, 2,5 ans, et son cousin Justin, 4 ans. « C’est un loisir et un plaisir où parents et enfants se retrouvent, une véritable histoire de famille. Les uns sans les autres, nous n’aurions pas de chevaux », confie Bernadette Prigent. Même Mallory et Célia, ses deux filles mettent la main à la pâte quand elles sont de passage. Et en bout de table, lors des repas de famille, sans surprise, les conversations tournent souvent autour des chevaux…

Aujourd’hui, Raymond en élève six chez lui. À Plélauff, on en compte une vingtaine. Selon les pedigrees, les animaux changent de site. « Tu n’as jamais eu une si bonne écurie », lance Quentin à son grand-père qui s’est fait plaisir en achetant une bonne jument. « Ensuite, la bonne génétique, il faut la travailler sans cesse en choisissant les bons étalons après avoir bien observé la morphologie des juments et considéré leur souche… », explique le jeune homme. Avant d’avouer avoir autant de plaisir à s’occuper des saillies et à assister les naissances qu’à participer aux concours. « Nous espérons toujours avoir fait le bon croisement. Essayer d’obtenir de bons chevaux est un éternel recommencement. » La période des poulinages s’étend de février à mai. « Ce sont des moments de surveillance stressants. Nous préférons être là pour éviter tout problème. Pour nous, perdre un poulain, c’est une catastrophe », termine Claude Prigent.

Compagnons de retraite

Raymond Vigouroux, 81 ans, n’imagine pas sa retraite sans chevaux. « Je dépense ma grosse pension agricole pour acheter du fourrage : du foin, des betteraves et de l’avoine. », ironise-t-il, malicieux. L’ancien agriculteur a gardé 4 ha de prairie pour cela. Il confie : « M’occuper des chevaux, c’est distrayant, ça fait partie de ce qui fait aller bien. Sans mes animaux, je m’ennuierais. » Son épouse, Mimi, confirme : « Les chevaux donnent envie de se lever le matin. Ils reconnaissent son pas dans la cour, ils l’attendent… » Les chevaux rythment le calendrier. Si chez les Prigent à Plélauff, on utilise une ceinture de détection et la caméra de surveillance des vaches pour être au rendez-vous des mises bas, Raymond, lui, procède à l’ancienne : « Je mets un matelas dans le fourgon à côté du box et ainsi je suis au chevet de la jument si besoin. » Sans oublier que les poulinages sont à chaque fois un prétexte pour « rassembler une poignée de voisins tout aussi passionnés qui viennent, même en pleine nuit, aider et surtout casser la croûte », ajoute Mimi en souriant.


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