Les services rendus par la nature servent aux cultures, comme le montrent les auxiliaires qui limitent les attaques de prédateurs et consomment des graines adventices.
L’activité de prédation des auxiliaires des cultures est bénéfique et peut être classée en 4 grands services écosystémiques : « Ce peut être un rôle de régulation, avec un contrôle des ravageurs, un rôle d’approvisionnement, avec la fourniture de bois par les haies, un rôle de soutien, en fournissant l’habitat à d’autres espèces animales ou enfin un rôle culturel, pour la création des paysages, ainsi que pour les activités de chasse ou de pêche », énumère Stéphanie Aviron, écologue à l’Inra, intervenant lors d’un colloque organisé par la Chambre d’agriculture à Rennes, intitulé « Vers des systèmes de cultures agro-écologiques ».
Ce premier rôle cité par la chercheuse intéresse particulièrement les agriculteurs. Les prédateurs consomment les ravageurs, mais pas seulement. « Les graines d’adventices sont consommées par les limaces, les carabes, les oiseaux et certaines rongeurs ». Selon une étude nationale anglaise, la présence forte de carabes fait observer une baisse de 5 % du stock semencier de graines d’adventices.
Arche de Noé dans les champs
Pour favoriser l’expression de ces auxiliaires, Stéphanie Aviron note que « le travail profond du sol augmente la mortalité des prédateurs naturelscomparé à un travail plus superficiel, et les systèmes de cultures biologiques sont plus favorables que les conventionnels ».
Cet impact du retournement du sol, Jean-Philippe Turlin, conseiller à la Chambre d’agriculture, l’a observé dans ses essais ainsi que dans le groupe dédié aux TCS et au semis direct qu’il anime sur le Finistère. « Il y a 2,5 fois plus de vers de terre quand il n’y a plus de travail du sol, soit environ 150 vers /m2 », chiffre-t-il. Et cette vie du sol s’établit de façon assez rapide quand les conditions le permettent : chez un producteur de pomme de terre couvrant régulièrement ses sols et pratiquant le tamisage, la population de vers passe en seulement 2 années de 50 à 150 par m2.
« Les légumineuses ont aussi un effet sur ces populations, l’augmentant alors de 30 % ». Cette stimulation de l’activité de la vie du sol a pu être observée en comparant des cultures de colza à des colzas associés à du trèfle blanc qui couvre de façon permanente le sol. « Le trèfle est très adapté à des cultures d’automne. Semé en même temps que le colza, il aura besoin de chaleur et de lumière pour croître, il retrouvera ces conditions à la récolte du colza ». Cette couverture peut durer jusque 4 ans, sans créer de rupture d’alimentation pour la faune auxiliaire. Mieux, c’est tout un cortège de micro et de macro-faune que le conseiller a pu noter dans les parcelles conduites de cette façon, avec des mouches, des araignées, des crapauds ou des reinettes qui semblaient s’accommoder de ces conditions.