Maïs : une année difficile, mais des résultats meilleurs que prévus

L’évolution des plantes a été très rapide, ce qui a rendu difficile l’atteinte de l’objectid d’ensiler à 32-33 % MS. - Illustration Maïs : une année difficile, mais des résultats meilleurs que prévus
L’évolution des plantes a été très rapide, ce qui a rendu difficile l’atteinte de l’objectid d’ensiler à 32-33 % MS.
Après une bonne année 2017, la campagne 2018 s’est avérée plus compliquée. Elle se caractérise par une précocité remarquable en raison de températures excédentaires sur tout le cycle. Un été sec et chaud est l’autre fait marquant de cette campagne. Dans ces conditions, bien qu’hétérogènes, les rendements se maintiennent à des niveaux honorables avec une qualité correcte.

Avec un mois d’avril humide, les épandages de fumier et les préparations de terre ont été décalés, souvent réalisés juste avant les semis qui ont également démarré plus tard cette année. Les conditions plus favorables à partir de début mai ont ensuite permis de réaliser rapidement les chantiers de semis. Mi-mai, l’essentiel des surfaces était semé. Ce retard a ensuite été rapidement comblé à la faveur de conditions très favorables au démarrage des maïs. Du semis à la floraison, on observe un excédent de température très important, compris entre 60 et plus de 120 degrés-jour (en base 6) du nord au sud de la région. Cela s’est traduit concrètement par un recouvrement rapide des interrangs, facilitant la maîtrise des adventices, et par des dates de floraison exceptionnellement précoces, avec une bonne dizaine de jours d’avance. Les températures excédentaires, associées à des sols bien alimentés en eau sur cette première partie du cycle, ont facilité l’installation des maïs, avec un bon enracinement. Ceci a permis de limiter l’impact du stress hydrique qui s’est manifesté ensuite au cours de l’été.

Stress hydrique et températures élevées autour de la floraison

Le mois de juillet a été très sec, sans pluie significative pendant plus de 3 semaines. À partir de mi-juillet, les maïs ont commencé à manifester des symptômes de stress hydrique, en pleine floraison, ou juste avant ce stade. Les fécondations se sont néanmoins bien déroulées, permettant de préserver le potentiel grain des cultures. À partir de fin juillet, la plupart des secteurs ont bénéficié d’orages, limitant les conséquences du déficit hydrique sur le remplissage des grains.

Après un premier coup de vent observé fin juin, sans gravité, les orages de fin juillet ont aussi entraîné de la verse parfois importante dans certains secteurs, du nord-Finistère au sud-est du Morbihan. Les parcelles semées plus tardivement, à fort gabarit mais peu enracinées, ont le plus souffert. La verse étant survenue à la floraison ou juste après ce stade, les maïs n’ont pu que partiellement se redresser. Dans les parcelles concernées, la récolte a été très difficile, avec des pertes parfois conséquentes. L’avance des cultures observée à la floraison s’est maintenue sur la deuxième partie du cycle, voir accentuée car les températures sont encore restées au-dessus des normales saisonnières.

[caption id= »attachment_38324″ align= »aligncenter » width= »720″]Sur la période de plus grande sensibilité des maïs, de mi-juin à fin août, le déficit pluviométrique en Bretagne et dans l’Ouest est resté modéré par rapport au reste du pays. Sur la période de plus grande sensibilité des maïs, de mi-juin à fin août, le déficit pluviométrique en Bretagne et dans l’Ouest est resté modéré par rapport au reste du pays.[/caption]

Récoltes très précoces, rendements en baisse mais mieux que prévu

Les premiers chantiers d’ensilage ont commencé tôt, vers le 20 août dans les situations les plus avancées. Malgré cela, les taux de matière sèche observés cette année sont encore élevés, bien supérieurs à l’objectif (32-33 %MS). Les premières récoltes ont eu lieu sous des températures élevées et des stress hydriques marqués. Dans ces conditions, l’évolution des plantes est très rapide, ce qui rend très difficile l’atteinte des objectifs.
Malgré le contexte très difficile de l’année, on constate que les rendements en maïs fourrage, bien qu’hétérogènes, sont en moyenne supérieurs à ceux prévus au cœur de l’été. Le mois de juin très favorable, puis une floraison et une fécondation précoces, ont permis la mise en place d’un nombre de grains par m² très correct, malgré quelques avortements (régulation) post floraison. C’est surtout le PMG qui a pâti des conditions sèches post-floraison. Les rendements en maïs grain ont pu être fortement pénalisés dans les secteurs les moins arrosés au mois d’août. À l’arrivée, les rendements sont très variables, de 60 à 120 q/ha, expliqués notamment par les quantités de pluie cumulées après la floraison.

Le maïs à la rescousse du système fourrager

Côté qualité, les maïs fourrage présentent des compositions assez variables selon les secteurs, avec globalement des taux d’amidon en baisse par rapport à l’an dernier, et une digestibilité des fibres qui reste bonne. Les teneurs en matière azotée totale sont assez faibles, en lien avec le déficit de minéralisation suite à l’apport tardif des fumiers et au déficit hydrique estival. À noter les nombreux cas de carences en potasse signalés à nouveau cette année. Côté maïs grain, les récoltes ont également été très précoces, à partir de mi-septembre pour les maïs grain humide conservés à la ferme, avec des taux d’humidité exceptionnellement bas, très souvent inférieurs à 30 %, voire 25 %.

Concernant le bilan fourrager de la campagne, la production d’herbe a également été déficitaire. Après une mise à l’herbe relativement tardive qui a entamé les stocks de fourrages et de paille, la pousse a rapidement cessé dès l’arrivée des conditions chaudes et sèches en juillet. Le manque d’eau en fin d’été et début d’automne n’a pas permis le redémarrage de la pousse habituellement observée. Ces conditions sèches ont également pénalisé l’implantation des semis de prairie. Dans ce contexte, le maïs fourrage est venu compenser le déficit d’herbe, dès la mi-juillet dans la plupart des exploitations.

Du côté des bioagresseurs, les ravageurs de début de cycle (taupins, mouches géomyze et oscinie) n’ont pas beaucoup fait parler d’eux. L’helminthosporiose a été assez présente à partir de mi-juillet, dans le Finistère principalement. Le fait marquant est la progression des dégâts de foreurs, pyrale surtout, dans des zones de production jusqu’ici relativement épargnées (nord-est de la région notamment. Ce nouveau contexte impose aux producteurs d’être vigilants, notamment vis-à-vis de la gestion les résidus de culture, refuge des larves pour la prochaine campagne.

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Élodie Quéméner, Michel Moquet/Arvalis-Institut du Végétal


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