Avec plus de 2/3 des bâtiments cage qui seront à échéance de remboursement de la mise aux normes de 2012 entre 2022 et 2026, le passage à l’alternatif se fera progressivement.
« En France, les controverses autour de l’élevage de pondeuses en cages ont démarré en 2013 avec la prise de position de l’enseigne Monoprix qui a communiqué sur l’arrêt de commercialisation des œufs cages sur ses marques de distributeur suite aux pressions exercées par une association antispéciste », déclare Romaric Chenut, ingénieur Itavi, lors de la journée technique pondeuses qui s’est déroulée le 4 décembre à Cesson Sévigné (35). En Allemagne et aux Pays-Bas, les éleveurs avaient anticipé en prenant le virage de l’alternatif lors de la dernière mise aux normes des cages en 2012. Ils ont investi dans des volières pour produire des œufs de code 2 (au sol) qui est devenu le standard. « Avec 10 ans de recul, ils sont à la pointe de l’expérimentation sur le bien-être animal, l’utilisation de lumière naturelle, les jardins d’hiver, l’enrichissement du milieu… »
Plusieurs options de conversion
En France, plus de deux tiers des bâtiments cage seront à échéance de remboursement de la mise aux normes de 2012 entre 2022 et 2026. « La volière est alors la meilleure solution pour limiter la perte d’effectifs de pondeuses lors de la conversion de ces bâtiments cage. Il existe plusieurs options de conversion : à moindre coût en ouvrant les cages et en faisant quelques adaptations pour transformer l’existant en volière mais ce n’est pas recommandé. En enlevant les cages pour installer une volière et produire des œufs au sol ou en plein air. L’investissement est alors compris entre 16 et 20 €/poule plus le coût du foncier dans le cas du plein air », chiffre Romaric Chenut. Les transformations des bâtiments cages sont en cours. Pour fin 2019, autour de 20 % d’entre eux seront convertis en alternatif. Ces capacités de production seront reportées sur le code 2 pour
50 % des bâtiments et sur les codes 0 et 1. « Une partie importante des bâtiments, représentant entre 30 et 40 % des effectifs, seront convertis au dernier moment. »
Plus de mortalité en plein air
Yves-Marie Beaudet, éleveur de pondeuses à Landéhen (22), témoigne du début de conversion de son outil de production. « Je suis producteur historique d’œufs code 3. En 2016, j’ai repris un élevage de pondeuses plein air que j’ai converti en bio pour un effectif de 15 000 poules. En 2017, j’ai transformé un de mes bâtiments cage de 58 000 pondeuses en poulailler plein air de 42 000 poules. Aujourd’hui, il me reste 2 bâtiments cage soit 103 000 pondeuses qui ne seront amortis qu’en 2023, je me poserai la question de la conversion à ce moment-là. » Patrick Hamon, éleveur de pondeuses à Saint-Martin-des-Prés (22), a transformé un bâtiment de 20 000 pondeuses cages en 12 000 bio pour un investissement de 52 €/poule.
Sur un autre site, il a transformé un poulailler de 52 000 pondeuses cage pour passer à 33 000 en plein air. « Cela représente un coût de 16 €/poule mais comme le bâtiment n’était pas amorti, cela revient à 32 €/poule. Je suis installé avec mon épouse, il nous reste encore un bâtiment cage. Nous avons 58 ans et pour nous il était important de commencer rapidement la conversion pour faciliter la transmission de notre élevage. » Les éleveurs constatent une mortalité supérieure en plein air par rapport au système cage ; elles passent de 2 % à 7 %. Si les performances techniques sont comparables dans les 2 modes de production, les poules plein air en volière sont plus fatiguées.