Pulvérisation : La maîtrise de la dérive en 3 points

derive-pulverisation-desherbage - Illustration Pulvérisation : La maîtrise de la dérive en 3 points
La dérive de pulvérisation est due à l’entraînement par l’air d’une partie des gouttelettes émises par le pulvérisateur. Pour maîtriser ce phénomène, il faut tenir compte de 3 paramètres : les conditions météorologiques, le positionnement de la rampe et la finesse des gouttelettes.

La maîtrise de la dérive est un des enjeux de demain en matière de pulvérisation. Si la qualité de l’eau a été un des grands thèmes abordés ces dernières années, le paramètre à surveiller dans les prochaines années sera la qualité de l’air, moins facilement maîtrisable. Cependant, « si on travaille sur la maîtrise de la dérive, l’amélioration sera visible rapidement », explique Philippe Garde, ingénieur conseil en agriculture durable Nord-Ouest chez Syngenta.

1- Conditions météo optimales le matin

« Souvent on pense que la pulvérisation est bonne quand on obtient un brouillard sur la culture. On dispose à ce moment-là de fines gouttelettes. Si les conditions hygrométriques sont faibles et les températures élevées, ces gouttelettes n’atteignent pas la cible et se volatilisent… », avertit l’expert. Plus les gouttelettes sont fines, plus elles sont sensibles au vent, plus le risque de dérive s’accentue. D’où l’intérêt d’une buse antidérive.
Il ne faut pas traiter lorsque le vent dépasse force 3 Beaufort (19 km /h). « À partir de 10-12 km/h, la dérive existe avec des buses à fente classique », avertit Philippe Garde. Des anémomètres sont disponibles sur le marché à partir de 40 €. Côté conditions climatiques, l’idéal est de se positionner en dessous de 25 °C, avec une hygrométrie supérieure à 60 %. « En deçà, les stomates des adventices sont fermés… » Il faut donc s’adapter en choisissant le moment de l’application, le matin tôt par exemple, ou le soir, « où les conditions sont souvent optimales, avec peu de vent, de l’hygrométrie et pas de températures supérieures à 25°C. »

2- Une rampe bien réglée

Une rampe positionnée trop haute augmente le phénomène de dérive. Penser à bien positionner la rampe : elle doit se maintenir à 50 cm au-dessus de la culture cible, permettant ainsi un triple recouvrement avec des buses à 110 °. Or, on rencontre bien souvent des rampes à des hauteurs de 75 – 80 cm… À ce niveau, sans parler de recouvrement entre les buses elles-mêmes, on augmente la distance que devra faire la gouttelette pour atteindre la culture donc tout simplement le potentiel de « prise au vent » de cette dernière.

3-Une finesse des gouttelettes adaptée

Les buses déterminent la forme du jet et le débit. Elles jouent un rôle important dans la qualité de la pulvérisation et son impact sur l’environnement. « Le choix de la buse n’est pas anodin et doit être un des éléments moteur dans la prise de décision de l’équipement du pulvérisateur ». La buse à limitation de dérive homologuée ZNT par le ministère chargé de l’Agriculture est un des dispositifs limitant le risque de transfert vers la ressource en eau ; elle permet de diminuer la largeur des Zones non traitées (ZNT). « Depuis la mi-juin, plus de 4 000 agriculteurs bretons se sont équipés de la buse AIXR à jet plat, buse nouvelle génération à basse pression limitant la dérive, recommandés par Syngenta pour appliquer les produits à base de prosulfocarbe. Un équipement qui a présenté dans de nombreux essais des résultats aussi efficaces que des buses à fente classiques. »
Selon la buse utilisée et le volume, il convient aussi de régler la pression du pulvérisateur. Chaque constructeur fournit des abaques ; l’application Optibuse de Syngenta disponible gratuitement sur Google play et App store indique les buses homologuées ZNT et la plage de pression d’utilisation.

Les buses, ça s’entretient…

Pour conserver les caractéristiques de la pulvérisation (forme et débit) et éviter le bouchage et la corrosion, pensez à fréquemment nettoyer les buses et à toutes les remplacer régulièrement, si possible simultanément. Si vous observez une buse bouchée, avancez de 5 à 10 mètres, pour travailler en zone propre. « Pensez à emporter des buses neuves de rechange lors d’un traitement afin d’opérer un simple remplacement au champ, le nettoyage des buses bouchées ne se réalise qu’au retour au siège de l’exploitation, après le traitement ».

Rincer la buse, passer dans l’orifice un jet d’air comprimé pour évacuer toute impureté du conduit. Si la buse est toujours bouchée, la brosser avec une brosse souple. Pour les buses à fente, brosser dans le sens de la fente. Rincer ensuite la buse à l’eau claire. Cette opération doit être faite sur l’aire de remplissage et l’eau de nettoyage ne doit pas être évacuée par la bouche d’eau pluviale ou l’évier. Pendant les opérations de nettoyage, portez des gants, ne mangez pas, ne buvez pas, ne fumez pas. Ne soufflez jamais dans la buse. Lavez-vous soigneusement les mains lorsque vous avez terminé. Pour éviter le bouchage des buses, « le pulvérisateur doit être bien nettoyé et les filtres doivent aussi être adaptés au calibre de la buse (bien souvent colorisés de la même manière que les buses). »


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