Traite robotisée : croiser expertise et savoir-faire

Le club robot finistérien à Châteaulin (29). - Illustration Traite robotisée : croiser expertise et savoir-faire
Le club robot finistérien à Châteaulin (29).
La 9ème édition du club robot de traite Triskalia a été organisée fin novembre à Langueux (22), Josselin (56), Châteaulin (29) et Saint-Méen-le-Grand (35). Plus de 80 éleveurs équipés d’un robot ou en projet ont assisté à ces rendez-vous techniques sur le thème : «productivité du troupeau, soyez stratège !».

Paul Lacombe, consultant chez FDS (Farm dairy services) et les vétérinaires Triskalia, Hélène Commeil, Pierre Clément et Cyril Urlande ont animé des groupes de producteurs de lait avertis mais aussi curieux et avides d’informations techniques. Au regard des questionnaires d’évaluation, ces derniers ont apprécié l’expertise des intervenants et les sujets traités. Quatre grands thèmes ont été abordés : la réussite du tarissement pour un bon démarrage en lactation, le déplafonnement, l’allotement des vaches avec plusieurs stalles et l’organisation du travail en système robotisé.

L’ingestion : la clé en préparation vêlage

Les démarrages en lactation sont souvent plus rapides en traite robotisée qu’en traite conventionnelle. Il est vraiment indispensable d’avoir une période de tarissement suffisamment longue, avec une alimentation riche en protéines sur les 3 dernières semaines. Quand une vache est grasse à l’extérieur, elle l’est aussi à l’intérieur. Cet embonpoint occasionnera un démarrage plus risqué au niveau métabolique. En revanche, les vaches trop maigres en fin de lactation ne reprendront pas forcément de poids pendant les 2 mois de tarissement. En préparation vêlage, la matière azotée totale (MAT) de la ration devra être supérieure à 13 % (si la Note d’état corporel (NEC) > 3,6 : 9 kg de MSI (matière sèche ingérée) – si NEC 3-3,5 : 12 kg de MSI). Dans les 3 dernières semaines avant le vêlage, l’ingestion sera corrélée positivement à la petite taille des particules, au potentiel laitier de la vache, au poids maigre, à la place à l’auge, à la surface disponible ou encore au nombre de distributions de la ration. Par ailleurs, il est opportun de profiter du tarissement pour faire un check-up de la vache et affiner son protocole pour garantir le tarissement en partant de l’arbre décisionnel suivant : pilotage au quartier, bactériologie (éventuellement à la ferme), sélection de l’antibiotique en fonction des bactéries et décision rapide sur la réforme des vaches post-vêlage. Un démarrage en lactation réussi passera aussi par une bonne intégration des fraîches vêlées dans le troupeau.

[caption id= »attachment_38232″ align= »aligncenter » width= »720″]Le duo Cyril Urlande et Paul Lacombe, debout en mode démonstration, à Saint-Méen-le-Grand (35) Le duo Cyril Urlande et Paul Lacombe, debout en mode démonstration, à Saint-Méen-le-Grand (35)[/caption]

Les avantages de l’allotement

Les vaches malades (fièvre de lait, non-délivrance, métrite, mammite) présentent moins de déplacement de caillette lorsqu’elles ont été mises dans un petit lot, avec assez de place de couchage et d’alimentation. À 100 % de taux d’occupation, les primipares n’expriment pas pleinement leur potentiel en raison du stress hiérarchique et d’une croissance non achevée… Selon l’étude Albright 2001, séparer les primipares des multipares apporte des avantages concrets pour les plus jeunes. Le temps d’ingestion augmente de 11,4 % au même titre que le nombre de repas, le temps passé couché et la production laitière sur les 130 premiers jours (+1,6 kg). Ainsi, les primipares pourront terminer leur croissance et voir leur carrière allongée. Leur démarrage en lactation se trouvera également facilité.

La gestion du temps de travail

[caption id= »attachment_38230″ align= »alignright » width= »220″]Matrice d’Eisenhower Matrice d’Eisenhower[/caption]

Au cours de nos journées ‘club robot’, nous avons démontré l’intérêt de mettre en place des protocoles afin d’améliorer l’efficacité du travail par UTH (Unité de travail humain). Il est effectivement intéressant de classer ses tâches (cf graphique) selon l’importance (poids de la tâche) et l’urgence (notion de temps). Cela induit, a minima, de séparer les tâches quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles et de libérer du temps pour une réunion hebdomadaire sur l’organisation du travail. Par définition, un protocole doit être écrit, compréhensible et applicable et instaurer des règles et des procédures. L’idée est bien de standardiser les actes d’un opérateur à l’autre et d’homogénéiser les pratiques (nourriture, tarissement, vêlage) pour limiter les risques. De plus, les vaches aiment la routine, quel que soit l’intervenant !

Partir des besoins des animaux et des contraintes de l’élevage est essentiel et, surtout, on écrit ce qu’on fait et on fait ce qu’on écrit. Ceci implique, en parallèle, de ne pas faire l’impasse sur les routines quotidiennes au niveau du bâtiment, des animaux, du robot et de l’ordinateur… Il faut, par exemple, consulter deux fois par jour, minimum, les listes telles que les vaches en retard de traite, les traites incomplètes, les vaches en baisse de production et les alertes sur la qualité du lait. Au niveau du robot, il est nécessaire de prendre 10 minutes par jour pour vérifier les points de contrôle (nettoyage du laser, état des tuyaux, désinfection des brosses et des manchons…). Finalement, l’approche de la gestion du travail est propre à chaque élevage et aux objectifs de chacun. Mais des outils universels existent et facilitent la planification des tâches.

Samuel Pansart / Triskalia


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