Biométhane agricole : une première dans le Finistère

Le local abritant les membranes de purification du biométhane. - Illustration Biométhane agricole : une première dans le Finistère
Le local abritant les membranes de purification du biométhane.
Quelques années après avoir fait leur première visite de méthaniseur, les associés du Gaec de l’Avel ont ouvert les vannes le 18 juin dernier, pour injecter le biométhane issu de leur installation dans le réseau GRDF. Retour sur leur parcours et les premiers mois de fonctionnement.

“Il a fallu d’abord aller loin pour voir ce que l’on pouvait mettre en place chez nous,” se souvient Yannick Laurent. Ainsi, pour les éleveurs de Milizac-Guipronvel (29), l’aventure de la méthanisation a commencé par des visites d’installations, aussi lointaines que variées. Accompagnés dès le début de leur réflexion par le service méthanisation de Triskalia, ils iront notamment en Italie et dans le nord de la France pour recueillir les témoignages des agriculteurs engagés dans cette voie, sans oublier bien sûr l’expérience des sites bretons déjà en fonctionnement.

[caption id= »attachment_38420″ align= »aligncenter » width= »720″]Les associés du Gaec devant leur installation. Les associés du Gaec devant leur installation.[/caption]

Un projet d’abord orienté vers la cogénération

La méthanisation est une réaction naturelle en milieu confiné et chauffé : le biogaz qui en résulte contient du méthane et sa combustion permet de faire fonctionner un groupe de cogénération qui produit de l’électricité, grâce à une génératrice couplée au moteur, et au moins autant d’énergie récupérée sous forme d’eau chaude (sur le bloc moteur et les fumées d’échappement). Valoriser l’énergie thermique rend l’installation plus efficace et plus rentable. Sauf que des besoins de chaleur, les éleveurs n’en avaient pas sur leur site de Milizac-Guipronvel où se situe le troupeau laitier. Ils ont alors tout imaginé : une nouvelle activité sous serre, la production de micro-algues pour la production de protéines, un partenariat avec un parc d’attractions voisin… Quand Yannick Laurent revient aux sources en s’installant sur la ferme familiale, en 2014, le dossier est mis en pause pour quelques mois. C’est en 2016 que la réflexion reprend avec l’idée de purifier le biogaz en biométhane : 3 km séparent l’exploitation du réseau GRDF le plus proche. “Comme cette solution n’était pas encore très mise en avant pour le monde agricole, nous pensions que notre production de gaz était trop faible pour rentabiliser le surcoût d’investissement”, explique Philippe Laurent.

Après calculs et études, la visite de l’unité de méthanisation agricole de Liffré (35) finit de convaincre les associés du Gaec. L’appel d’offres est lancé sans tarder et les négociations des différents lots s’achèvent début 2017, avec un choix final qui s’oriente vers le tandem Evalor – Prodeval. D’un chantier mené tambour battant, malgré les conditions difficiles de l’hiver dernier, découlera la mise en service tant attendue, à la fin du printemps 2018.

Pensé pour l’organisation du travail

“Dès le départ, notre volonté a été de concentrer le temps de travail alloué à la méthanisation, pour éviter les astreintes durant les week-ends” argumente Roger Laurent, devant la fosse de réception des fumiers. En effet, ici, pas de trémie, la ration du méthaniseur est introduite trois fois par semaine, directement dans la préfosse, puis diluée avec une recirculation de digestat. “L’incorporation de la matière nous prend au total 12 heures par semaine : 1h pour charger, 3 heures pour mélanger, broyer et transférer dans l’hydrolyse », détaille Roger Laurent. Chaque jour, 100 m3 de ce mélange sont pompés vers le digesteur.

Six mois après avoir injecté les premiers mètres cubes, c’est plutôt la satisfaction générale. « Malgré quelques dysfonctionnements mineurs liés au démarrage, les résultats sont au rendez-vous” résume Philippe Laurent, devant quelques prétendants à la méthanisation, accompagnés par Triskalia. L’objectif est d’injecter en continu 50 m3 de biométhane par heure, et, aujourd’hui, cet objectif est atteint à 95 % !

[caption id= »attachment_38418″ align= »aligncenter » width= »720″] Triskalia, à travers sa filiale Capinov, propose un accompagnement sur-mesure aux agriculteurs souhaitant se diversifier vers le biogaz.[/caption]

Mathieu Dufour / Capinov


Un commentaire

  1. Chateigner

    Bonjour,
    Non la réaction de méthanisation n’est pas « naturelle » ! Il se passe des tas de choses dans l’intestin d’un bovin qui ne se passent pas dans un méthaniseur, l’inverse est vrai aussi ! Je vous engage à aller lire les fiches explicatives du Collectif Scientifique National Méthanisation (Twitter.com/@CSNM9).
    Les épandages de produits de méthanisation sont aussi à risque, et les bienfaits sur l’environnement très discutables. N’oublions pas l’appauvrissement des terres à terme, et la transformation du métier vers l’énergie culture …
    sincèrement
    daniel

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