Chants d’oiseaux

« Ce matin, après avoir entendu un astronome parler de milliards de soleils j’ai renoncé à faire ma toilette : à quoi bon se laver encore ». Ce pourrait être du Desproges, mais c’est du Cieran, penseur radicalement pessimiste. La menace climatique aurait pu susciter identique propos décalé de ces deux personnages. Mais bizarrement le sujet ne fait rire personne ; pas même les humoristes contemporains. Pourtant, le réchauffement n’est pas une menace en soi ; ses conséquences, oui.

Ainsi, le bioacousticien américain, Bernie Krauze, s’alarme-t-il des printemps devenus silencieux. Chaque année, depuis 2000, il enregistre les oiseaux dans le parc Sugarloaf, en Californie. Et qu’entend-il ? Plus rien. Depuis 2004, les choses ont radicalement changé. Conséquence dramatique du changement climatique, dit-il.
Pour d’autres raisons – disparition des prairies, remembrement agressif, pratiques culturales – le même constat est fait dans certaines plaines céréalières françaises. De l’avis de nombreux experts, le silence des oiseaux n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il y a tout ce que l’on ne voit pas et n’entend pas : insectes, vers de terre, champignons, bactéries ont également régressé en masse.

Dans quelques jours, de nombreux Bretons pourront constater que leur printemps n’est pas silencieux. Faisons en sorte qu’il demeure encore longtemps bruyant. Comment ? En préservant le maillage du bocage qui s’avère – on le redécouvre – d’une grande richesse biologique. Si riche que des agriculteurs et techniciens constatent que, dans les régions denses en talus et haies, la biodiversité peut remplacer partiellement les molécules chimiques. Tout cela en réduisant les coûts et le travail pour l’agriculteur. Une raison de sourire pour l’avenir.


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