La controverse naît d’un conflit entre deux idées qui s’affrontent et où, à force d’argumentation et d’images, chaque adversaire essaie de rallier le public à sa cause. Localement, c’est souvent des nuisances sur des sujets très pragmatiques (bruit, odeurs, épandage, pulvérisation, salissement des routes…) qui font émerger des tensions. La notion de bien-être animal et l’environnement n’interviennent qu’en second lieu, alors que les citoyens n’ont pas été rassurés sur leurs premières craintes, liées à leur quotidien. Rallier le public à sa cause Au-delà des problèmes de voisinage, les interrogations ne visent pas que l’élevage. On a aussi des débats citoyens autour d’incertitudes sur les vaccins, l’environnement… Les points de vue fusent. Mais sans loi, sans preuve scientifique, la situation n’aboutit à aucun consensus. « De ces points de vue divergents naît une controverse. L’important n’est pas d’avoir raison. L’enjeu est de discréditer son adversaire, de rallier le public à sa cause, par l’argumentation, le contrôle de l’image et diverses stratégies », explique Elsa Delanoue. Le phénomène n’est pas récent. Des philosophes grecs comme Pythagore remettaient déjà en question le fait de manger des animaux par exemple. Ce qui est nouveau, c’est sa médiatisation. Dans un monde où le média est omniprésent, et où il aime relayer majoritairement des arguments critiques et des images chocs, la tendance est certainement vouée à perdurer… Un processus créatif « Par définition, la controverse est un long processus qui entraîne du changement ». À l’issue de la controverse peuvent se créer de nouveaux consensus sociaux, à la source de nouvelles normes, qui émergent sous forme de lois, d’évolution de pratiques professionnelles, d’habitudes alimentaires… Les changements de pratiques en aviculture avec les œufs en cage en sont un parfait exemple : des vidéos à charge ont convaincu la distribution, en moins de 3 ans, de changer de système…
Comment naît une controverse : Du conflit au consensus