Passionnés par l’élevage de porcs, Eugène et Marie-Annick Baslé ont opté pour un mode de production situé entre conventionnel et bio, avec 90 % de vente directe. Aujourd’hui, ils souhaitent transmettre leur outil à leurs enfants.
Les porcelets gambadent dans les parcs, à l’air libre. Ils suivent leur mère en se bousculant, enfouissent leurs groins dans l’herbe. Une scène amusante, peu courante aujourd’hui, surtout dans un élevage non labellisé en agriculture biologique. Depuis plus de 30 ans, les naissances se font en plein air sur la Ferme du Pré Bois. Le bien-être des animaux semble évident, mais cette technique n’est pas simple à mener et demande du temps aux éleveurs.
« Les truies s’apprivoisent », fait cependant remarquer Eugène Baslé. « Nous sélectionnons par ailleurs les cochettes sur la docilité et la rusticité. L’élevage compte trois races différentes : Duroc, Piétrain et Large White », continue l’éleveur qui travaille sur la ferme avec sa femme Marie-Annick, ses deux enfants Angélique et Christophe et des salariés, notamment pour la découpe et la transformation. Leur autre fille Aurélie pourrait aussi rejoindre l’exploitation.
[caption id= »attachment_38827″ align= »aligncenter » width= »720″] Les porcs dans le bâtiment post-sevrage sur paille.[/caption]
En extérieur, les truies passent d’abord 1,5 à 2 mois avec le verrat. « Nous avons une cinquantaine de truies et quelques mâles reproducteurs. Les saillies sont naturelles, aucune insémination artificielle n’est pratiquée. » Puis les femelles restent 1 à 1,5 mois dans les parcelles des gestantes. « Je réalise des échographies une fois par trimestre avec éventuellement des réformes à la clé. ».
Les queues et dents ne sont pas coupées
Elles rejoignent les parcs individuels de maternité 15 jours avant la mise bas. « Au départ, il y a des pertes naturelles de porcelets, mais après le sevrage, qui est fait à quatre semaines, la mortalité est proche de zéro. Les queues et dents des porcelets ne sont pas coupées. » Le post-sevrage sur paille se fait ensuite dans un bâtiment datant de 1995. « La paille est stockée au-dessus des quatre cases et peut facilement être distribuée. » Actuellement, les porcs partent vers l’âge de 3 mois se faire engraisser à l’extérieur, « mais nous avons un projet de bâtiment sur l’exploitation pour tout engraisser sur paille. » Dans toutes les manipulations, les éleveurs sont aidés par des chiens Border Collie qui regroupent les cochons.
[caption id= »attachment_38828″ align= »aligncenter » width= »720″] La famille Baslé devant le magasin de vente directe sur la ferme. De gauche à droite : Eugène, Angélique, Marie-Annick, Aurélie et Christophe.[/caption]
Magasin de vente directe en 2002
Depuis la création du magasin de vente directe sur la ferme en 2002, le nombre de truies est passé de 150 à 50. « Chaque semaine, je conduis les porcs de 7 à 8 mois dans un petit abattoir des Côtes d’Armor dans lequel ils sont traités avec le plus grand respect », précise Eugène Baslé. Les chambres froides de la ferme sont ainsi approvisionnées chaque semaine. Et les charcutiers découpent et transforment les produits dans le laboratoire aux normes européennes installé sur l’exploitation. Charcuterie (jambon à l’os, saucisse pimentée, saucisse fumée, pâté, rillettes ), viande à la découpe, caissettes et colis sont proposés aux consommateurs.
« Nous garantissons à nos clients une alimentation des porcs sans OGM. Et nous n’ajoutons pas de polyphosphates dans la fabrication de nos jambons », détaillent les producteurs qui affichent une centaine de produits différents, avec sans cesse des innovations. « Par exemple, lors du départ de la Route du Rhum, nous avons fabriqué des boudins antillais », note Angélique Baslé.
« 90 % de nos porcs sont vendus en direct sur l’exploitation, sur des marchés ou chez des restaurateurs. Nous projetons de développer nos ventes via des Amap ou des cantines scolaires. Nous allons aussi fabriquer des bocaux. L’objectif est de passer à 95 % en vente directe. »
[caption id= »attachment_38826″ align= »aligncenter » width= »720″] Les truies restent 1 à 1,5 mois dans les parcelles des gestantes.[/caption]
Certification « Porcs durables » depuis le 13 décembre
Pour davantage faire reconnaître leurs pratiques, les producteurs ont intégré le réseau Cohérence. La certification « Porcs durables » s’est déroulée le 13 décembre dernier sur l’exploitation, en partenariat avec Cœur Émeraude qui rassemble des collectivités et des acteurs socioprofessionnels et associatifs. Une des missions de cette association est la gestion d’un programme d’action pour la qualité de l’eau sur le bassin versant Rance aval Faluns Guinefort.
Des citoyens étaient aussi présents pour évaluer 50 critères de durabilité concernant le logement, le bien-être animal, la limitation des intrants chimiques sur les cultures, le lien au sol, l’alimentation sans OGM, une moindre utilisation d’antibiotiques… « Cette démarche peut être une étape avant de passer en bio », précise Jean-Bernard Fraboulet, de Cohérence. « Aujourd’hui, l’association regroupe 12 éleveurs certifiés « Porcs durables » sur la Bretagne. Sept d’entr’eux font de la vente directe ».
Difficultés administratives sur la filière longue
Contact : Ferme du Pré Bois
Le Pré Bois Saint-Malo (35) 02 99 81 79 80, contact@lafermeduprebois.bzh
• La ferme propose régulièrement l’accueil de différents publics, d’étudiants…
• Un parcours pédagogique est aussi en accès libre sur l’exploitation.
Pierre
« Entre conventionnel et Bio », ça n’existe pas. Où on est certifié Bio, ou on nel’edt pas. N’ajoutons pas à la confusion. De nombreux « conventionnels » ont des initiatives en faveur de l’environnement ou de la qualité sans pour autant se référer au Bio où se prévaloir de « presque Bio ».