Les producteurs de pommes à cidre ou à couteau costarmoricains, avec de nombreux vergers disséminés sur le territoire, ont suivi avec attention l’évolution de la réglementation sur l’usage des produits phytosanitaires à base de prosulfocarbe.
Depuis la découverte de résidus de prosulfocarbe sur des pommes en 2017, la campagne 2018 s’est poursuivie sous le couperet de cette molécule présente dans des désherbants utilisés en céréales. « Car en Bretagne, on utilise des variétés de pomme à cidre et de pomme de table tardives, se récoltant jusqu’au 15 décembre, période d’utilisation de ces phytosanitaires », rappelle Claude Pecheux, producteur à Trédaniel (22).
Une démarche départementale
[caption id= »attachment_38463″ align= »alignright » width= »157″] Panneau d’indication des dates de début et fin de récolte du verger à l’entrée des parcelles.[/caption]
Le Cidrec (syndicat de producteurs et transformateurs filière cidricole des Côtes d’Armor) a pris le dossier en main. « Chambre d’agriculture, distributeurs de produits phytosanitaires, commissions à Paris… Nous avons été les seuls à mener une démarche départementale sur ce sujet et avons proposé l’interdiction de l’usage de produits à base de cette matière active du 1er septembre au 15 janvier », explique Dominique Biche, conseiller en vergers cidricoles à la Chambre d’agriculture 22. Ce n’est pas ce qui a été retenu « mais l’arrêté du 4 octobre, mentionnant l’arrêt, à effet immédiat, de pulvérisation à moins de 500 m d’un verger non récolté et l’utilisation de matériel homologué ont été un soulagement pour la poursuite de nos activités », réagit Xavier Doussinault, à Plestan (22).
Des initiatives locales de sensibilisation
Cependant, avant la publication de l’arrêté, des initiatives locales de sensibilisation avaient été mises en place. Aussi, Xavier Doussinault, ainsi que d’autres collègues, avait pris contact avec leurs voisins agriculteurs – directement ou par courrier -, leur demandant de ne pas pulvériser ces substances avant la fin de la récolte. « J’ai ainsi découvert qu’il y avait 20 exploitants intervenant dans un périmètre de 500 m autour de mes 3 ha de pommiers, sur les 6 ha de la ferme », chiffre-t-il. « Nous avons été bien accueillis, écoutés par nos voisins préoccupés de découvrir les conséquences de l’utilisation de ces molécules qui même appliquées dans les meilleures conditions, présentent des risques de volatilisation. Nous les avons prévenus de la fin de la récolte, le 16 novembre, qui s’est avérée précoce cette année. » À chaque entrée d’exploitation, le Cidrec a aussi proposé des panneaux indiquant la date de fin de récolte. L’application immédiate de l’arrêté du 4 octobre a aussi été relayée par les DDTM le 16 octobre, et le Cidrec et la Chambre d’agriculture 22 via le site geoportail, sur lequel chaque agriculteur peut visualiser la présence de vergers autour de ses parcelles.
Avec la FNPFC (producteurs de fruits à cidre), des analyses multi-résidus sont en cours sur une quinzaine d’exploitations sur les Côtes d’Armor, dont quelques-unes sont suivies dans le temps pour étudier la dispersion du prosulfocarbe. Sur l’exploitation de Xavier Doussinault, des prélèvements ont été effectués au 1er octobre, 1er novembre et 1er décembre. Les deux premiers échantillons se sont révélés négatifs.