Comprendre les enjeux de l’influenza aviaire et le rôle de chacun, notamment dans l’entourage des abattoirs de volailles, tel était l’objectif de la rencontre organisée le 5 décembre dernier pour les personnes et entreprises œuvrant à proximité des abattoirs du groupe Ronsard (Bignan et Le Faouët).
Éleveurs, toutes organisations confondues et indépendants, mais aussi transporteurs et équipes d’intervention se sont réunis à l’invitation de Triskalia, Ronsard, en partenariat avec Resagro, filiale de RCServices intervenant auprès des industries agroalimentaires. Cette réunion visait à rappeler les enjeux sanitaires, organisationnels, économiques et financiers de la déclaration d’un foyer d’influenza aviaire à proximité d’un abattoir.
Un cadre réglementaire strict mais nécessaire
“Le confinement ne suffit pas” annonce d’entrée Mokrane Mellal, vétérinaire, et c’est un enseignement majeur des épizooties de 2015-2016 et 2016-2017. Notre seule arme est la biosécurité, ce qui est gravé dans le marbre depuis le 8 février 2016 par l’arrêté éponyme, comme le rappelle Isabelle Somerville, chef du service santé et protection animale de la DDPP 56. Après avoir resitué le cadre réglementaire de la gestion d’un foyer d’influenza aviaire, dont les répercussions sont impactantes (euthanasie, blocage des flux, contraintes à l’exportation…), Isabelle Somerville a exposé les résultats des premiers contrôles de biosécurité effectués dans le Morbihan. Sur 2018, parmi les 41 élevages audités, seuls 8 sont totalement conformes. Beaucoup de non- conformités sont moyennes avec des points récurrents : mauvaise protection des litières, sas sanitaire absent ou non-opérationnel, bâtiments non désinfectables. Il est donc nécessaire de rappeler que chacun doit faire sa part. Et c’est d’autant plus vrai près des abattoirs où les flux d’animaux vivants sont quotidiens.
Les abattoirs anticipent… et croisent les doigts
À titre d’exemple, le référencement fait par Resagro montre qu’il y a près de 120 élevages dans les 10 km autour du site Ronsard de Bignan. Alain Lepage, directeur industriel du groupe Ronsard, nous précise qu’une partie de leur production est destinée au marché export et serait directement impactée par la déclaration d’un foyer. La seule manière de se protéger est de prévenir et d’anticiper : sécurisation des sites, marche en avant, renforcement et contrôle de la décontamination des camions, conteneurs et caisses, formation des chauffeurs et opérateurs. Autant de mesures mises en place sur les sites de Bignan et du Faouët. De plus, une cellule de crise a été créée et peut être activée dès la moindre suspicion afin de mettre en place les actions adéquates, en accord avec la DDPP, le plus tôt possible.
Il faut apprendre à vivre avec l’influenza
La biosécurité, c’est aussi limiter l’impact d’un virus que l’on ne peut éradiquer. A l’instar de la grippe humaine, l’influenza aviaire, faiblement pathogène, est présent à bas bruit partout. Les contrôles systématiques réalisés sur les canards mulards montrent que certains sont positifs. Quelques cas de syndromes respiratoires sévères en dinde, liés au virus H6, sont rapportés en France, et le virus H9N2, responsable de troubles respiratoires en poulet et dinde au Maghreb, Moyen-Orient et Asie, est bien implanté. D’autre part, les virus H5N9 et H5N6 qui ont circulé l’hiver dernier sont toujours présents en Europe et représentent une menace sérieuse. La conclusion, portée par la voix de Bernard Brunel (directeur adjoint de la section volaille de Triskalia), est que chacun doit apporter sa pierre à l’édifice en respectant les mesures de biosécurité. Et sur ce point, les audits interprofessionnels et les contrôles de la DDPP confirment qu’il y a une marge de progrès.
Jérémy Boutant/Triskalia