En 2015, à Liffré en Ille-et-Vilaine, quatre exploitants agricoles solidaires et motivés se sont lancés dans l’aventure de l’énergie verte. Réunis au sein d’un GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun), ils ont mis en service une unité de méthanisation valorisant le biogaz épuré (le biométhane) en injection dans le réseau de gaz. Pionniers en la matière dans la région à l’époque, ils ont depuis fait quelques émules avec 3 nouveaux sites agricoles qui ont vu le jour en Bretagne. Rencontre avec Jean-Christophe Gilbert, un agriculteur engagé, fier de contribuer à la transition énergétique et d’être un acteur de son territoire.
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En 2015, avec trois autres exploitants agricoles, vous avez été des pionniers en installant le premier site de méthanisation à injection de Bretagne situé à Liffré. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Jean-Christophe Gilbert : « Nous avons fait le choix de l’injection du biogaz plutôt que de la cogénération (fortement présente à l’époque sur notre territoire), car nous n’avions pas besoin de chaleur pour notre élevage de vaches laitières. Sur le plan de la rentabilité et de l’efficacité énergétique, l’injection du biogaz épuré permet de valoriser 98% de l’énergie primaire extraite de notre biomasse fermentescible. Par ailleurs, nous avions la chance d’être à proximité d’une ville et d’un réseau de gaz naturel garantissant le débouché du biométhane. L’injection du gaz dans le réseau allait donc de soi. »
Qui vous a accompagnés dans ce projet ?
J.-C. G. : « Il est important de souligner que ce projet s’est d’abord construit autour d’une solidarité entre nous, les 3 associés du GAEC (l’un des quatre associés historiques ayant pris sa retraite depuis). Nous avons été accompagnés par GRDF qui a été très moteur. Ils nous ont soutenus pendant tout le processus et dans nos différentes démarches d’études techniques.
Mais nous avons eu aussi le soutien de partenaires indispensables et précieux : l’ADEME, la Région Bretagne, la municipalité de Liffré, la chambre d’agriculture, l’association AILE, PlanET Biogaz, notre banque Crédit Mutuel de Bretagne ainsi que nos bureaux d’étude GES (ICPE) et CER (centre de gestion). Grâce à tous ces partenaires, nous avons réussi à mener à bien ce projet d’envergure qui a demandé plusieurs années de réflexion, de discussions et de nombreuses études. »
Une unité de méthanisation apporte de nombreux bénéfices pour les agriculteurs : vente d’énergie, optimisation de la gestion des effluents et production d’un engrais de qualité, création d’emplois, revenus complémentaires… Maturité technique, retours d’expérience, tarifs d’achats, accompagnement : tous les éléments sont réunis pour faire émerger des projets d’agriculteurs et créer de la valeur ajoutée sur les exploitations comme sur le territoire.
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Combien de tonnes de déchets traitez-vous chaque année ?
J.-C. G. : « Nous traitons 12 500 tonnes. Ces déchets proviennent d’effluents bovins de nos 3 élevages, du fumier et des CIVE (Culture Intermédiaire à Vocation Énergétique) de nos exploitations. Nous recevons également des déchets végétaux locaux provenant de l’extérieur (marc de pommes, céréales, betterave, pomme de terre, tonte de pelouses…). »
Quels bénéfices tirez-vous aujourd’hui de cette activité ?
J.-C. G. : « La méthanisation s’inscrit dans une véritable boucle d’économie circulaire valorisant nos effluents d’élevage et les déchets organiques locaux sous forme d’énergie redistribuée directement sur le territoire. Notre production de biométhane représente 7 GWh/an, soit l’équivalent de la consommation en gaz de 600 foyers ou 30 bus. En termes de bénéfices agronomiques, nous produisons également 12 000 tonnes de digestat brut par an qui viennent se substituer pour environ 25 % à nos achats d’engrais chimiques. Financièrement, grâce à la méthanisation, nous avons augmenté notre chiffre d’affaires et nous bénéficions d’un revenu fixe par le biais du contrat de 15 ans signé avec un fournisseur d’énergie à qui nous vendons notre biométhane. »
Et en termes d’image ?
J.-C. G. : « La méthanisation profite à tout le monde et c’est une vraie valeur ajoutée pour l’agriculture. Aujourd’hui, « effluent » n’est plus synonyme de pollution mais synonyme d’énergie. En tant qu’agriculteurs producteurs de gaz renouvelable, nous nous sentons acteurs de l’économie circulaire et de notre territoire. »
Encouragez-vous les agriculteurs à se lancer dans l’aventure ? Si oui, quels conseils pouvez-vous leur donner ?
J.-C. G. : « Oui, j’encourage et je conseille vraiment aux agriculteurs de devenir producteurs de biométhane. Il faut toutefois savoir bien s’entourer et s’assurer que tous les associés soient solidaires du projet. Enfin, il faut être bien accompagnés, avoir les bons partenaires et prendre le temps nécessaire pour murir le projet. Se lancer dans l’aventure demande aussi beaucoup d’investissement personnel, de travail, de rigueur et de disponibilité. »
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Profil de Jean-Christophe Gilbert
Fils d’agriculteur, Jean-Christophe Gilbert est titulaire d’un BAC de technicien agricole et d’un brevet supérieur de technicien agricole. Par ailleurs, il a suivi une formation « méthanisation » à la chambre d’agriculture qui lui a ouvert de nouveaux horizons.