Les filles ont leur place en agroéquipement

Les moissonneuses et les ensileuses sont les engins qui font rêver Camille Le Hégarat. - Illustration Les filles ont leur place en agroéquipement
Les moissonneuses et les ensileuses sont les engins qui font rêver Camille Le Hégarat.
Pas toujours simple pour une fille de se former dans un milieu masculin. Camille Le Hégarat prouve tous les jours qu’elle a autant sa place qu’un garçon dans la filière agroéquipement. Elle se démarque même par sa minutie, sa conduite souple et la précaution qu’elle prend avec le matériel agricole.

« C’est la filière agro-équipement qui a permis de créer la MFR de Loudéac, depuis les filières élevages, forêt et services aux personnes sont venues compléter notre panel de formations », décrit Estelle Demaline, directrice-adjointe de la Maison familiale rurale de Loudéac (22). L’établissement totalise 298 élèves, avec 227 garçons pour 71 filles. « Nous avons la filière services aux personnes qui est beaucoup plus féminine que les 3 autres. Cette formation a vraiment réussi à créer de la mixité dans l’établissement », déclare Estelle Demaline.

Un changement de filière en cours d’année

Si la filière services aux personnes attire plus de filles que de garçons, nous trouvons malgré tout des filles en agro-équipement. Camille Le Hégarat est élève en 1re bac pro agroéquipement après avoir réalisé sa 3e et sa 2nde à la MFR de Loudéac. « J’étais en 2nde élevage et je suis passée en agroéquipement en cours d’année. En stage, je me suis rendu compte que je préférais de loin le matériel aux animaux. » La directrice-adjointe précise : « Il y a des passerelles possibles permettant de changer de filière à l’intérieur de l’établissement, c’est ce qui a permis à Camille d’intégrer l’agroéquipement sans perdre une année scolaire. » Camille Le Hégarat a changé de filière tout en conservant le même maître de stage. « Je fais une traite par jour et maintenant je m’occupe plus des cultures et du matériel agricole. C’est vraiment la conduite des engins qui me passionne. »

De plus en plus de femmes en machinisme

Camille Le Hégarat envisage de poursuivre ses études après son bac. « Je souhaite rester à la MFR de Loudéac en complétant ma formation par un BTS génie des équipements agricoles (GDEA). » Elle serait alors la première fille à intégrer ce BTS dans toute l’histoire de l’établissement. Camille avoue que ça n’a pas été facile au démarrage de faire sa place dans cette filière masculine. « Les réflexions du genre femme au volant = accident sont courantes. Mais j’ai du caractère et je sais me défendre. »

Lors des semaines de stage, Camille est parfois obligée de demander de l’aide pour atteler certains matériels qui demandent plus de force. « Mais on me sollicite aussi souvent pour de la mécanique, j’ai des mains plus fines que les hommes et j’accède plus facilement à certains endroits dans le moteur ou sur du matériel. » Thierry Mounier, formateur en agro-équipement à la MFR constate : « Nous remarquons qu’il y a de plus en plus de femmes en machinisme. Certaines entreprises de travaux agricoles sont gérées par des femmes. »

Moins de casse matériel avec les filles

Le formateur fait bien attention à traiter de la même manière Camille que ses camarades masculins. Pour un employeur, ça peut être avantageux d’avoir une femme dans son équipe : « Elles sont plus minutieuses. Elles n’hésitent pas à demander quand elles ne savent pas faire alors que les garçons ont tendance à croire savoir tout faire. Résultat, nous avons plus de retours des maîtres de stage pour de la casse de matériel que lorsque ce sont des filles. Les consommations de carburant sont moindres avec une fille au volant d’un engin. Tout cela fait qu’elle pourrait justifier aisément un salaire plus élevé que ses collègues masculins. » Après ses études, Camille envisage de travailler en exploitation agricole puis en entreprise de travaux agricoles. « Quand on est passionné, il ne faut pas se mettre de freins. Je conseille aux filles qui sont passionnées de machinisme comme moi de venir à la MFR se former. Elles ont leur place dans cette filière, il ne faut pas hésiter, j’ai préparé le terrain. »


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