La Bretagne agricole a-t-elle vocation à conquérir les marchés export ? La question divise les syndicats. Tous estiment qu’on peut y être présent si la valeur ajoutée revient au producteur.
Les productions alimentaires agricoles bretonnes ont-elles vocation à nourrir le monde ? « Non, c’est une erreur économique», répond d’emblée Noël Rozé, de la Coordination rurale. Et de préciser son point de vue : « L’export doit être réservé à des produits haut de gamme. L’exemple de la Chine, avec Synutra, nous montre que les produits exportés sont de très bons produits pour le consommateur, mais pas pour les producteurs ». Une façon de dire que la valeur ajoutée promise échappe une nouvelle fois au maillon production. « Nos industriels ont intérêt à aller sur ce marché mondial, non pas pour y gagner de l’argent, mais pour se référer au prix mondial pour nous payer et faire de la marge sur le marché intérieur ».
Pas de course au moins-disant
« L’export a été trop souvent utilisé comme un marché de dégagement pour fluidifier le marché français », accorde Thomas Guégan, Jeunes Agriculteurs, tout en insistant : « On ne peut pas être contre l’export, mais on est contre une compétition internationale au moins-disant. Il faut aller chercher de la valeur ajoutée à l’export comme sur le marché national. » André Sergent, FDSEA, rappelle pour sa part que « des entreprises bretonnes fonctionnent bien sur ce marché mondial, tout en gardant la valeur ajoutée pour ses producteurs ». Et de citer le cas de l’entreprise Savel, à Lannilis (29), dont la production de ses 150 producteurs est exportée vers 130 pays ».
Faire du minerai ne sert à rien
La Confédération paysanne indique qu’elle est « pour l’export, s’il y a une rémunération » capable de garantir des « conditions sociales acceptables et suffisante pour payer le salarié au prix qu’il vaut. » Et Benoît Collorec d’insister : « De même, en matière d’environnement, si nous limitons l’utilisation de produits de traitement, ces pratiques doivent être rémunérées au juste prix. Faire du minerai comme tout le monde ne sert à rien, l’acheteur ne différenciera pas le cochon breton du cochon ukrainien. Il faut mettre en avant la préservation de l’environnement écologique, économique, social. Si le marché est seulement concurrentiel, on trouvera toujours moins cher que nous », estime-t-il.