Nouveaux repères en grands troupeaux

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Conduire un grand troupeau nécessite d’adapter son système d’exploitation. Il en résulte, le plus souvent, un accroissement de productivité sur la surface, l’animal et la main-d’œuvre. Pour quels résultats ?

Des exploitations de 110 vaches laitières en moyenne en 2035, contre 64 aujourd’hui, telle est la projection réalisée par le Cniel. Dans les études de groupe CerFrance Bretagne, les exploitations spécialisées sont passées en 5 ans de 390 000 à près de 500 000 litres vendus (+ 25 %). En Ille-et-Vilaine et Morbihan 11 % des adhérents CerFrance Brocéliande spécialisés en lait produisent plus de 750 000 L (114 vaches laitières). Ils commercialisent 907 000 L en moyenne.

Moins de pâturage et plus de concentrés

Leurs exploitations disposent de 132 ha de surface agricole utile (SAU). Le système y est intensif avec 6 900 L vendus par ha de SAU et 8 100 L par vache laitière (VL), contre respectivement 6 200 L et 7 400 L pour l’ensemble des éleveurs spécialisés.

Le pâturage reste généralement la priorité afin de maîtriser les coûts fourragers. Cependant, effet indirect de la croissance – et parfois aussi de la robotisation –, la surface accessible pour les animaux est plus faible en système « grands troupeaux ». La surface en prairies est réduite à moins de 30 ares par UGB. Parallèlement la proportion de fourrages conservés augmente, le maïs représente 48 % de la SFP. Les grands troupeaux consomment aussi plus de concentrés (près de 230 g/L). Ainsi, leur coût alimentaire est plus élevé : 100 €/1 000 L, contre 94 € dans l’ensemble. Ils se révèlent plus sensibles à la volatilité des prix des aliments.

Les frais vétérinaires et d’élevage sont proches

Les coproduits viande sont souvent inférieurs. Ils se limitent aux seules ventes de réformes et de veaux.
Sur la période de clôtures comptables allant du 31 juillet 2017 au 30 juin 2018, les systèmes « grands troupeaux » obtiennent une marge brute inférieure 5 €/1 000 L par rapport à celle de l’ensemble des élevages spécialisés en lait. Ce faible niveau de marge accentue la sensibilité aux risques conjoncturels et climatiques.
Au-delà des moyennes, il faut aussi souligner les écarts importants d’efficacité : le quart des élevages obtient plus de 230 € de marge aux 1 000 L, à l’opposé le quart inférieur est à moins de 197 €.

Côté structure, les charges fixes hors amortissements et frais financiers sont inférieures de 9 €/1 000 L. Mais les grands troupeaux sont souvent jeunes et leur mise en place s’accompagne quasi systématiquement d’investissements importants. Leur capital d’exploitation est ainsi plus élevé de 40 €/1 000 L. Leur endettement est supérieur de 12 points et leur trésorerie plus tendue. En conséquence, les amortissements et les frais financiers y sont supérieurs, anéantissant les économies d’échelle. Au global, la performance économique aux 1 000 L vendus apparaît le plus souvent inférieure dans les grands troupeaux. Toutefois, une analyse en rythme de croisière devrait atténuer ce constat.

La main-d’œuvre, point clé de la réussite

Le pilotage des grands troupeaux repose sur une conduite régulière et calée sur des objectifs de production et de travail validés par les associés. L’expertise (voire la spécialisation) de la main-d’œuvre constitue un atout pour l’atelier laitier. Ainsi, la constitution de 2 à 3 lots, différenciés selon le stade de lactation, permet d’optimiser les rations, de limiter le temps de traite et le stress social des animaux. Mais les systèmes « grands troupeaux » se distinguent surtout par un volume de livraisons élevé par unité de travail : 350 000 L par UTH contre 282 000 L dans l’ensemble. Ce gain sur la productivité de la main-d’œuvre est tel que leur prix d’équilibre global est meilleur de 10 €/1 000L. Le revenu disponible par UTH familial est supérieur de 4 500 €.

Geneviève de Lansalut / Cerfrance Brocéliande


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