Victor Leforestier, producteur en Seine-Maritime, est venu apporter son expérience lors d’une journée dédiée aux couverts végétaux implantés après pomme de terre.
Les cultures de pomme de terre peuvent poser des problèmes d’érosion, et par conséquent de pollution des eaux. Dans cette optique de limiter les pertes de sols et d’éléments nutritifs, Bretagne Plants et le syndicat de bassin de l’Élorn ont convié Victor Leforestier, agriculteur en Seine-Maritime, pour témoigner de son expérience, à Landivisiau (29). Cultivant des betteraves sucrières et rouges, la ferme d’une centaine d’hectares du jeune agriculteur est aussi implantée en lin et en pomme de terre. « Cette culture demande un fort travail du sol. Pour autant, on peut améliorer la structure de son sol », confie-t-il. Des couverts, plus ou moins complexes, ont aidé l’agriculteur à préserver son capital sol. D’autres pistes, comme « une irrigation au goutte-à-goutte de certaines parcelles ou la création de micro-barrages » limitent les effets de ruissellement. Le système de culture est aussi passé par un abandon du labour pour ces mêmes raisons.
L’azote limite la mycorhization
Et le producteur s’avère aussi être chercheur. Dans un essai mené, il a observé l’action du travail du sol et de la fertilisation sur le développement des mycorhizes, champignons nourrissant par symbiose les racines des végétaux. « Il y a plus de mycorhize dans un sol sans apport d’azote et labouré que dans un sol labouré mais avec fertilisation ». La condition la plus favorable pour le développement de ces champignons se situe dans une parcelle semée en direct, sans fertilisation. « La plante pompe l’azote et développe les mycorhizes, comme le montrent des essais en blé ». Toute cette vie du sol a besoin d’oxygène pour vivre, c’est pourquoi la compaction est l’ennemi numéro 1 des cultures et des micro-organismes.
De l’air !
« Pour la pomme de terre, les passages d’engins se font sur 100 % de la parcelle. Il faut donc être vigilant sur le poids des engins. Le repère à ne pas dépasser est de 6 t par essieu (10 t en conditions sèches), pour ne pas tasser à plus de 30 cm de profondeur. Au-delà, on ne s’en rend pas compte mais le sol se serre ». Ce tassement a des conséquences sur les rendements, « plus criant sur les cultures de printemps. Si une zone avec 20 % de sol tassé permet un rendement en pomme de terre de 50 t/ha, il ne sera plus que de 40 t/ha si 80 % de la parcelle est tassée », chiffre Victor Leforestier. En blé, la baisse de rendement entre une zone tassée ou non va de 0 à 25 %, elle sera de 30 % en betterave.