Pondeuse : La fin programmée de l’épointage

En France, l’épointage des pondeuses est quasi systématique, certains pays européens ne le pratiquent­ plus. - Illustration Pondeuse : La fin programmée de l’épointage
En France, l’épointage des pondeuses est quasi systématique, certains pays européens ne le pratiquent­ plus.
Certains pays européens ont déjà acté l’arrêt de l’épointage en poules pondeuses, la France fait le choix de poursuivre cette pratique mais anticipe un éventuel arrêt en cherchant des solutions.

« Chez une poule, le bec est un outil essentiel pour trier, prendre, déglutir, explorer, toucher, évaluer. Il lui sert aussi pour réaliser son toilettage corporel ainsi qu’à se défendre socialement », décrit Amandine Mika, de l’Itavi, lors de la journée nationale pondeuse. Des cas de picage sévère sont constatés régulièrement en élevage. Les premiers signes sont une irrégularité du plumage et des zones piquées à l’arrière du cou, base de la queue et cloaque. Les conséquences sont des zones déplumées chez l’animal piqué, présence de douleur, de lésions voire du cannibalisme. « Tout cela influence le bien-être, la santé des volailles et les résultats économiques du lot », précise Amandine Mika.

Le picage est un comportement naturel

Si le picage est un comportement naturel de la poule, le picage sévère est lui un comportement agressif envers les congénères. Pour résoudre ce problème, le débecquage qui ne se fait plus depuis plusieurs années était pratiqué. Cela consistait à retirer une partie du bec supérieur et engendrait des pertes d’informations sensorielles, douleurs et formation de névromes. Aujourd’hui, en France, les poules sont épointées, c’est-à-dire que moins d’un tiers de la partie supérieure du bec est retiré par rayonnement infrarouge. Une question se pose : quel est l’avenir de l’épointage ? La forte pression de la société sur la prise en compte du bien-être animal et la gestion de la douleur chez les animaux d’élevage présage une fin programmée de l’épointage dans les années à venir. « La Suède, le Danemark, l’Autriche et l’Allemagne ne pratiquent plus l’épointage. Aux Pays-Bas, l’arrêt est en cours. »

Du nervosisme lié à la génétique

Une enquête épidémiologique, réalisée par Coton et al. en 2017, sur l’importance du picage révèle une prévalence des lots avec plumage dégradé de 32,9 % en cages aménagées contre 23,8 % en plein air. Par contre, la mortalité associée pour cause de cannibalisme est de 2,5 % en cages aménagées alors qu’elle monte à 8,8 % en plein air. « L’enquête recense les facteurs de risque liés au picage. Sur l’animal, c’est du nervosisme lié à la génétique ainsi qu’une densité et une taille de groupe trop élevée. Les facteurs environnementaux favorisant le picage sont une intensité lumineuse trop élevée, le type et la couleur d’éclairage, les mauvaises conditions d’ambiance et le mauvais entretien ou aménagement de parcours », décrit Maryse Guinebretière, de l’Anses.

L’enrichissement du milieu diminue la mortalité

Entre 2016 et 2017, des essais ont été réalisés à l’Anses de Ploufragan (22) pour évaluer l’intérêt d’un enrichissement du milieu pour permettre une meilleure adaptation de la poulette et de la poule dans son environnement. « Nous avons constaté que la mise en place d’enrichissements permet de diminuer la mortalité liée au picage, de limiter le stress des volailles et une meilleure utilisation de l’environnement. Il est important de commencer l’enrichissement du milieu dès la phase d’élevage des poulettes », analyse Maryse Guinebretière.

Concernant l’enrichissement du milieu, Amandine Mika ajoute : « Le type d’enrichissement et son renouvellement vont compter pour continuer à éveiller la curiosité des poules. Plusieurs types d’enrichissements ont été testés : bloc de béton à picorer, cordes, chaînes, balles de luzerne, seau avec céréales, système de distribution de maïs… Les poules gardent un intérêt sur le long terme pour les enrichissements consommables, elles se détournent rapidement des autres. ». 


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