François Pot, président du Marché du porc breton (MPB), fait le point sur l’année écoulée et livre ses inquiétudes pour 2019.
« En 2017, les voyants sont plutôt passés au vert redonnant un peu de trésorerie et de perspectives en élevage porcin pour déboucher en 2018 sur un effet ciseaux, prix du porc sur prix de l’aliment implacable », observe François Pot. Mais, pour le responsable, ce n’est pas le fruit du hasard, avec d’un côté le prix des matières premières qui flambent à compter du printemps et, de l’autre, le prix du porc qui a démarré bas en janvier et a plafonné en été avant de retrouver un équilibre autour de 1,18 €/kg depuis 10 à 12 semaines. Un prix qui reste « encore loin du coût de production », dit-il.
Sur le plan concurrentiel, on observe, une augmentation de production aux USA, en Chine et en Espagne pendant qu’Uniporc, après un semestre à + 2 %, finit l’année à l’étal . Pour le président, le manque de perspectives et de lisibilité est responsable de ce repli. Il ajoute : « Pourtant la viande le Porc français a fait ses preuves partout, que ce soit en France, dans le monde entier pour ses qualités sanitaires, gustatives, et aujourd’hui nous sommes dans l’incapacité collectivement de raconter une histoire sur les barquettes. Mais ne nous trompons pas et tirons en les enseignements : l’Angleterre a voulu se démarquer à tout va via la qualité, ou plutôt une pseudo-qualité, qui l’a entraînée d’un statut quasi autosuffisant à une dépendance européenne. Oui, notre porc standard a toute sa légitimité, sans écarter la segmentation réfléchie, et non pas subie, pour dynamiser la filière française. »
Une méthode commune de comparaison de prix
Dans ce contexte, le MPB continue à mener sa mission tous les lundis et jeudis, pour afficher un prix moyen de 1,196 €/kg sur 2018. Durant l’année, en concertation avec l’Ifip, et toujours dans un souci de transparence, il a été établi au MPB une méthode commune de comparaison de prix avec les autres places européennes en reprenant point par point tous les critères amenant le prix réellement payé aux éleveurs. « Ceci nous permet dorénavant et en toute objectivité de nous situer sur l’échiquier européen à l’instant T », indique François Pot.
Sur le plan des perspectives 2019, le MPB se refuse à pronostiquer un prix, tant les interrogations subsistent à tous niveaux. Pour le président, « ce qui est sûr, le sanitaire, par la FPA, s’invite plus que jamais dans le bal du prix et pèsera sur l’évolution de la production dans le monde. À nous Bretons, de nous protéger, d’être très professionnels sur le sujet pour être là au bon moment. » Et de conclure : « Je salue les 700 collègues qui au fil de l’année apportent leurs animaux sur le catalogue. Ceci montre, une fois de plus, toute l’importance que les éleveurs accordent à la transparence des transactions au service du collectif. ».