Près de Dinan, la Confédération paysanne bataille face à un projet « gigantesque » de serres de tomates en bio et l’urbanisation de 2 ha d’un jeune installé pour un lotissement.
Paysans, porteurs de projet, citoyens… Jeudi 17 janvier, la mobilisation à La Ferme du Coin, chez Claire et Régis Orieux, maraîchers à Tréméreuc a rassemblé une quarantaine de personnes à l’appel de la Confédération paysanne. Aux côtés de représentants du Groupement des agriculteurs bio (Gab), le syndicat dénonce le projet de 10 000 m2 de serres à tomates en bio chauffées par la chaleur d’un incinérateur à Taden. « Dans cette approche, on ne respecte ni la vie du sol, ni la saisonnalité. Voici des gens qui s’engouffrent dans une faille du cahier des charges européens de l’agriculture biologique. Cette industrialisation de la bio n’est qu’une reproduction du développement de l’agriculture conventionnelle, hors-sol et à grande échelle », expliquaient les manifestants. « Sans oublier qu’une telle surface de serres est suffisante pour déstabiliser le marché régional en concurrençant les autres maraîchers. »
« Contre l’artificialisation de la terre nourricière »
Parallèlement à cette affaire, la Confédération paysanne s’est offusquée d’un projet d’urbanisation, également à Taden, qui vise à récupérer 2 ha de terres d’un jeune agriculteur pour la création d’un lotissement. Une lettre a été adressé à la maire Évelyne Thoreux et à Arnaud Lécuyer, président de Dinan Agglomération. Le document rappelle « l’irréversibilité de l’artificialisation des terres : un hectare bétonné ne reviendra jamais à l’agriculture ! ». Il revient sur le rapport de la mission d’information sur le foncier agricole de l’Assemblée nationale présenté en décembre : « On assiste à une progression continue des surfaces artificialisées au détriment des surfaces naturelles, forestières et agricoles avec des conséquences directes et irréversibles sur la biodiversité et le climat. L’artificialisation est aveugle puisqu’elle ne tient nullement compte de la qualité des sols ainsi gaspillés. Plus des deux tiers de ce grignotage est le fait de l’habitat individuel. »
Un lotissement sur les terres d’un jeune installé
Le syndicat s’oppose formellement à la décision des élus locaux. Jean-Marc Thomas, porte-parole, précise à ces derniers : « La parcelle que vous souhaitez détruire est la meilleure terre de l’exploitation d’un jeune paysan, Rémi Goupil, tout juste installé. Elle représente près de 7 % de la surface labourable. La présence de logements juste à côté des bâtiments d’élevage est également à mesurer en termes de cohabitation à venir. Aussi, votre décision impacte lourdement le projet agricole et condamne son développement futur. » Avant de rappeler que défendre et encourager le projet agricole naissant, c’est traduire concrètement et sur le terrain les enjeux climatiques, économiques et alimentaires de notre époque. Plus concrètement, les syndicalistes demandent la révision de la décision et le classement de la parcelle en « zone agricole à protéger ».