Paysan Breton a posé cette question aux représentants des 3 listes aux élections de la Chambre d’agriculture, lors d’un débat organisé dans les locaux de la rédaction lundi 7 janvier.
« Ça fait plus de 20 ans que l’on me dit que ça ira mieux demain ». C’est une des observations parmi de nombreuses autres qu’un lecteur de Paysan Breton a envoyé avant le débat. Une réflexion résumant bien l’état d’esprit de nombreux agriculteurs. Et la récente amélioration des résultats moyens annoncée en fin d’année cache de profondes disparités. « Il est inadmissible que les agriculteurs ne puissent se sortir un revenu décent », a commencé Isabelle Allain, de la Confédération paysanne, lors du débat, ajoutant que « notre niveau de revenu ne doit pas être déconnecté de l’ensemble de la société ».
Rémunérer le travail
Quant à donner un chiffre précis, la candidate déclare que « ce qui est important est que chaque agriculteur puisse adapter sa ferme à ses besoins et ses objectifs de vie. » Les chiffres cités lors des États généraux de l’alimentation (EGA) de 2 Smic par mois lui semblent néanmoins « cohérents au vu des heures de travail et des responsabilités. » Frank Guéhennec, de la FDSEA, approuve aussi la base de 2 Smic et plus largement l’approche « travail » prise lors des discussions autour des EGA. « C’est plus pertinent que les coûts de production, très différents d’une exploitation à l’autre. Ce sont ces objectifs-là qui doivent être pris en compte dans les plans de filière à construire. »
« Nos parents se faisaient un complément de retraite »
Véronique Le Floc’h, de la Coordination rurale, demande : « Pourquoi toutes les personnes que l’on fait vivre vivent beaucoup mieux que nous ? Quand nos parents avaient des excédents, ils investissaient dans l’immobilier, se faisaient un complément de retraite. Aujourd’hui, on nous dit de produire de l’énergie pour baisser nos charges, mais nos coûts de production sont déjà très faibles. Il faut des justes prix pour avoir une juste rémunération. Pensons à nos enfants qui, s’il n’y a pas de revenu, ne s’installeront pas. »
André Sergent, de la FDSEA, ajoute qu’il n’est « pas normal qu’un agriculteur sur deux fasse son revenu essentiellement à partir des aides Pac. » Véronique Le Floc’h rappelle quant à elle un des slogans-phares de la Coordination rurale : « Nous sommes le syndicat des prix, pas des primes ». Ces aides « sont venues compenser la baisse des prix liée à l’ultralibéralisme qu’on accepte depuis 50 ans », selon Benoît Collorec, de la Confédération paysanne. « Nous devons plutôt rechercher de la valeur ajoutée et réguler les productions pour avoir des prix qui conviennent aux paysans. »