Rapport EAT : Jusqu’où ira-t-on pour écarter la viande de notre alimentation ?

steak-hache-viande-bovine - Illustration Rapport EAT : Jusqu’où ira-t-on pour écarter la viande de notre alimentation ?
L’EAT, Fondation privée, vient de publier en collaboration avec la revue scientifique « The Lancet », un rapport préconisant « un régime de santé planétaire », basé sur l’adoption d’une alimentation considérée comme saine et durable. La lecture de ce rapport pose clairement plusieurs interrogations et pointe de fortes incohérences.

Communiqué Interbev du 18 janvier 2019

On note par exemple que le « régime de santé planétaire » proposé repose entre autres sur la suppression de certains aliments, en raison de l’impact environnemental et santé considéré comme négatif pour chacun de ces aliments pris isolément.

Il est toutefois surprenant de constater que l’impact environnemental global du régime prôné par EAT, n’a fait l’objet d’aucune évaluation. Or, consommations et productions interagissent de manière complexe, surtout à l’échelle mondiale. L’ensemble des impacts doivent être considérés : autant ceux liés à la réduction de certains aliments que ceux liés à l’augmentation des autres.

Ce nouveau « régime de santé planétaire » décrit dans le rapport de l’EAT, recommande une consommation de 0 à 28 g (soit une moyenne fixée à 14 g) de viande rouge par jour et par personne. C’est 5 fois moins que le seuil maximal des recommandations de santé publique en matière de prévention [1] en France et 3 fois moins que la consommation moyenne hebdomadaire actuelle des Français. Pour les nutritionnistes eux-mêmes, l’équilibre alimentaire ne passe pas par des régimes d’exclusion ; ils privilégient au contraire la diversité et la variété des aliments, le tout en quantités raisonnables.

Cette recommandation très faible peut facilement être interprétée comme une incitation à supprimer totalement la viande de son alimentation. On regrettera que dans ce rapport, ne soient nullement envisagées les conséquences d’un tel régime, qui en supprimant la viande, entraîne la disparition de l’élevage ! Conséquences qui sont analysées dans le dernier avis scientifique de l’INRA, publié le 11 janvier 2019.

D’un point de vue environnemental, l’INRA affirme ainsi que :

  • «…Certains types d’élevage, conduits de façon agro-écologique, apportent également des services environnementaux, en utilisant des surfaces en prairies impropres à la culture mais favorables à la biodiversité, au stockage du carbone, à la filtration de l’eau. Sans élevage ces surfaces disparaîtraient et les paysages se fermeraient. »
  • « D’autres types d’élevage permettent de valoriser des coproduits ou sous-produits des filières végétales qui ne sont pas consommables directement par l’homme en les transformant en produits de bonne qualité nutritionnelle ; ils permettent également de fournir des effluents pour la fertilisation des sols et/ou pour de l’énergie renouvelable, en favorisant le bouclage des cycles biogéochimiques. »

Enfin d’un point de vue social et économique, l’INRA précise aussi que :

  • « …La suppression de l’élevage dans un pays comme la France nécessiterait la reconversion de plusieurs centaines de milliers de personnes et une réforme complète du secteur agricole en plus de celle du secteur de l’élevage. »
  • « Elle demanderait également une adaptation sociale et une adaptation culturelle de très grande ampleur.

Enfin, les prairies et les activités d’élevage associées contribuent au maintien de la vie sociale dans le milieu rural et de l’emploi dans des territoires faiblement peuplés, en participant de façon importante à la qualité et à la diversité des paysages. »

« À l’échelle mondiale, l’élevage contribue à faire vivre 800 millions de personnes pauvres dans les pays du Sud et il a un rôle essentiel pour l’amélioration du statut des femmes. Il contribue à la sécurité alimentaire mondiale en valorisant des surfaces qui ne sont pas cultivables. La suppression de l’élevage entraînerait un accroissement de la pauvreté, uneaugmentation de l’insécurité alimentaire et une recrudescence de la sous-nutrition et des maladies de carences alimentaires. »


Un commentaire

  1. emilie eber

    Apprendre que la fondation EAT qui distribue à tours de bras des rapports sur la nourriture durable est financé par Bayer, nestlé, total et tant d’autres remet les choses en perspectives.
    Effectivement ils surfent à fond sur la vague du végétarisme ces derniers temps jusqu’à dire qu’il vaut mieux consommer végétarien/végétalien quitte à importer (Total sera content des km parcourus)
    Le déclin de l’agriculture locale et variée est une aubaine pour eux. Plus de caca pour faire pousser les potirons? bayer sera ravie de fournir des engrais. Perte des surfaces non cultivables? (dans bcp dendroits les animaux qu’on mange paissent là ou seule l’herbe pousse, même en France dans les montagnes), Bayer (qui a racheté monsanto) sera ravie de fournir des OGM qui produisent toujours plus sur moins de surface.
    problème de santé publique à cause du manque de vitamine B12 (qui se trouve uniquement dans les produits animaux)? bayer ou d’autres laboratoires financant EAT se feront un plaisir de la fournir en gélule. à moins que nestle se charge de faire des petits pots enrichis en B12.
    en attendant la guerre de l’eau continue à cause de la demande en avocats. tout le monde veut manger des avocats car c’est riche en nutriments. Des gens meurent de soif car les paysans prennent toute l’eau, ayant enfin trouvé un filon qui rapporte. De même pour le quinoa, qui traditionnellement se cultive en rotation de culture sur 3 ans -alpakkas qui pêtrent- quinoa-une annee jachère. à cause de la demande en quinoa en Europe, les péruviens ont arrêté ce cycle de 3 ans et appauvrissent leur sol. ils ne font plus que du quinoa. les européens ayant bonne conscience et souhaitant acheter équitable, les paysans péruviens ont enfin pu bien gagner leur vie et ont tout vendu vers l’europe (il ny a pas de minimum obligatoire à vendre sur place). les peruviens non paysans n’ont ni les moyens d’acheter du quinoa, ni la possibilité de manger de l’alpakka puisquil y en a beaucoup moins. Les végétariens tuent les sud americains pour sauver des vaches.
    à moins de consommer uniquement local l’alternative vegetarienne n’est pas plus ecologique que l’aternative viande. Et encore… si tout le monde consomme vegetarien ET local, quel engrais va t on utiliser? quid de tous les insectes qui vont disparaitre?? (ceux qui forment un ecosysteme avec les patures, tous les fumiers etc…) dejà 90% des insectes ont disparu les 50 derières années donc il faudrait y réfléchr à 2 fois avant de se ruer sur un rapport qui semble par ailleurs donner des solutions merveilleuses à tous ceux qui essayent de faire de leur mieux.
    petit rappel: la carence en vitamine B12 crée des retards de développement.

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