Les critiques se démènent régulièrement sur l’élevage. Dès qu’une production est ciblée, cela dessert toutes les filières. Et ce, malgré la fierté, la passion des agriculteurs et les efforts menés pour améliorer le confort et le bien-être des animaux. Le consommateur perd confiance en cette agriculture qu’il souhaiterait « irréprochable ».
L’élevage est mieux accepté dans les territoires où la densité d’exploitations est importante. On pourrait donc penser qu’en Bretagne, la controverse serait moins forte que dans des territoires en déprise agricole. Et pourtant, le malaise est aussi présent. Il y a des images qui choquent. Par surprise, par réaction à des idées préconçues ou de la vision idéalisée de la ferme des grands-parents, pour des images de valeur… Les réactions sont diverses.
L’élevage idéal « en plein air »
Mener ses animaux à l’herbe est perçu comme une pratique respectueuse du bien-être animal, « permettant le comportement naturel des animaux », explique Elsa Delanoue, qui traite des relations entre l’élevage et la société pour l’Institut de l’élevage, l’Ifip et l’Itavi, intervenant lors des rencontres de techniciens agréés Charte des bonnes pratiques, organisées par le GIE Élevages Bretagne.
Ces données sont issues d’une confrontation entre éleveurs et citoyens, réagissant à différentes images présentées. Même des animaux dans la boue ne les font pas changer d’avis. À l’inverse, les élevages intensifs, avec des cheptels en bâtiment « enfermés, entassés », des stabulations sombres sans lumière naturelle… sont rejetés d’office, pour des aspects d’image industrielle, artificielle avec la présence de béton, de tubulaires assimilés à un système carcéral… Phénomène accentué par des animaux qui à leurs yeux se ressemblent tous, tels des clones. « Dans ce cadre, on est dans le domaine de l’éthique, de la morale, de valeurs… Il est alors difficile de trouver des arguments. »
Maintien d’un élevage traditionnel
Par contre, la présence et la proximité de l’éleveur auprès de ses animaux atténuent ces rejets. Mais, comme nostalgique, le consommateur accepte mal à première vue la robotisation, les capteurs, le numérique… présents sur les exploitations qui, pour eux, « n’ont pas leur place », entrent en compétition avec la main-d’œuvre humaine. Comme si l’agriculture devait rester le dernier rempart face à l’industrialisation. « Ces a priori sont néanmoins combattus assez facilement en expliquant la volonté d’organisation du travail, de temps libre… »
Écornage, castration… Les pratiques douloureuses restent un sujet sensible. « Il y a un rejet frontal dès qu’ils ressentent que l’agriculteur n’aime pas réaliser cette tâche. Mais elles sont acceptées si l’éleveur a recours à des anesthésies et si l’agriculteur peut expliquer les raisons de ces pratiques.»