Le marché des produits laitiers est désormais mondial. Ce prix mondial impacte le prix local avec quelques mois de décalage.
« Le prix du lait n’est pas connecté au coût de revient mais résulte bien de l’offre et de la demande. Et ce, au niveau mondial », insiste Stefan Nether, directeur du développement ODA lors de la première journée « Lait rencontres », organisée par Triskalia, jeudi 17 janvier à Ploufragan (22), à l’initiative de la section laitière de la coopérative. Avec un discours optimiste et des consignes fortes de formation sur ce sujet, il est venu décrypter les mécanismes de l’économie agricole mondiale. Une notion fondamentale à maîtriser par tout éleveur, selon lui, pour saisir les opportunités, anticiper les bonnes décisions sur son exploitation et pouvoir échanger avec ses partenaires économiques. « Car le prix n’est pas un élément de revenu. C’est un indicateur de surplus ou de déficit de matière. » Et pour un produit périssable, 2 % de surproduction peut entraîner une baisse de 50 % des prix…
Un potentiel important en Afrique
Pour cet expert, la demande en produits laitiers s’annonce en hausse pour les années à venir. La population mondiale croît. Et ces enfants boivent du lait, « la moins chère des protéines stockables ». Un atout pour la filière laitière. Bien sûr, « il faudra être présent là où la croissance démographique sera la plus forte. Et ce n’est pas en Asie qu’il faut s’orienter mais sur les côtes africaines », précise-t-il.
Un village mondialisé
En ce qui concerne le lait, le lait brut en tant que tel n’existe pas sur les marchés. Une fois sorti de la ferme, il est transformé en crème, beurre, etc. Il faut donc s’intéresser à la transformation. L’export est un petit marché qui a représenté, en 2017, 70 millions de tonnes équivalent lait sur les 805 millions de tonnes de lait produit… Un marché dépendant des stratégies de la filière néo-zélandaise, 1er exportateur mondial.
De nouveaux outils pour gérer la volatilité
• « Il faut savoir par exemple que le prix beurre-poudre Océanie (Atla) anticipe le prix allemand qui sera affiché 1,5 à 2 mois après. Le prix du lait dans nos fermes sera, quant à lui, décalé de la diffusion de ce prix public Atla de six mois. » Si on regarde dans le rétroviseur, on subit ce marché. Et les décisions prises localement sont alors déconnectées du marché mondial, comme la crise du lait de 2009. « Pour savoir ce qui vous attend, regardez devant vous et surveillez l’évolution du prix beurre poudre néozélandais ! »
• Des opérateurs, comme la coopérative Kerry en Irlande, proposent dès le mois de juin de fixer le prix du lait de l’année suivante pour un volume déterminé. Aussi, pour 2018, des éleveurs ont vendu en moyenne 30 % de leur collecte à 228 €/1000 L, ce qui leur assure de vendre au-dessus de leur coût de revient avec leurs systèmes extensifs. Fonterra va appliquer la même démarche en juin 2019, pour 5 % des volumes.
• « Autre outil à votre disposition : les marchés à terme. 300 000 à 350 000 t de beurre poudre y ont été commercialisés en 2018, ce qui représente 5 Md de litres de lait. Le frein est essentiellement psychologique. Pourtant, vous spéculez bien plus en investissant dans des bâtiments et des animaux sans connaître le prix de vente de vos productions… » Avec de la formation, nombre d’entre vous « utiliserez cet outil d’ici quelques années – à l’instar des céréaliers –, pour anticiper votre marge, piloter votre trésorerie… »
+ 10 Milliards de litres de lait/an pour satisfaire les besoins
Le marché laitier est dynamique. Tous les ans, il faut 10 milliards de litres de lait supplémentaires pour satisfaire les besoins. Si la Nouvelle-Zélande a mis les marchés sous pression avec une production record en 2018, impactant une baisse du prix du lait, la production américaine a maintenu son évolution régulière de 2 %, alors que la collecte européenne peinait et a progressé de 1 % en fin 2018. « L’Europe est la zone qui
déséquilibre le plus le marché, avec ses accélérations et freinages de production. »