Rencontre avec 2 éleveurs qui présentent leurs animaux au SIA, pour la première fois. Avec la volonté de promouvoir cette race locale plein d’atouts.
Deux amis. Une passion commune pour la Bretonne Pie Noir. Augustin Cadiou est chauffeur de nuit dans une société de transport. Alain Madec est maraîcher. A la tête de petits troupeaux, ils seront la semaine prochaine à Paris pour le concours de cette race locale qui se tiendra le mercredi 27 février, dans le cadre du Salon international de l’agriculture. Une première pour ces éleveurs. Si la recherche de résultat n’est clairement pas l’objectif principal des deux Finistériens, le fait de présenter la race au grand publique leur tient à cœur.
Vive les cornes
Augustin Cadiou a acheté sa première mère en 2008, suite au Festival de l’élevage de Quimper (29), où il a fait la rencontre de Jean-Claude Ebrel, éleveur de la vache courte sur pattes. Tombé amoureux de ces animaux mixtes lait/viande, il décide d’en élever sur les 2 hectares qu’il possède. « Comme j’ai peu de surface, j’ai préféré opter pour cette race. Leur réputation de vache de caractère est avérée, mais nous en avons aussi ! Mes animaux sont toutefois très calmes », explique Augustin Cadiou, qui élève 3 femelles et 3 bœufs à Plouider (29). Et chez ces animaux de petite taille, où la vache standard ne mesure que 1,17 m au garrot, les cornes proéminentes plaisent à l’éleveur. « Pour moi, une vache doit avoir des cornes, c’est ce qu’on voit en premier chez elle ! » Un don de la nature, selon les éleveurs, qui lui permet « de protéger leur veau en cas d’attaques de renard ».
[caption id= »attachment_39234″ align= »aligncenter » width= »720″] Moutik, femelle née en 2016, ira à Paris.[/caption]
La Pie Noir aide les légumes
Pour le maraîcher, Alain Madec, la Bretonne Pie Noir entre complètement dans la vision qu’il se fait de l’agriculture. Adhérent de l’OP Biobreizh, le producteur développe une stratégie d’utilisation de semences paysannes. Pour apporter la fumure organique nécessaire à la croissance de ses légumes, il a naturellement choisi la Pie Noir, « pour être dans cette continuité, cette logique », explique-t-il. Son petit troupeau lui permet de bénéficier de fumier de qualité et d’entretenir les 6 ha de prairie qui jouxtent la ferme. « Ce sont aussi des vaches faciles à conduire, rustiques et au vêlage rapide. Elles valorisent les terrains pauvres et n’abîment pas les prairies grâce à leur petite masse corporelle ». Le poids moyen de la Pie Noir se situe en effet entre 350 et 450 kg.
Chez Augustin Cadiou, les génisses vêlent à 23,5 mois. « Elles font ensuite un veau tous les 11 mois ». Les doses d’insémination sont « sélectionnées en fonction de la génétique, pour éviter la consanguinité. Aujourd’hui, la race est sauvée », note Alain Madec. La race bretonne a bénéficié d’un plan de sauvegarde : le cheptel total représente désormais 2 500 Bretonnes Pie Noir chez 45 éleveurs.