Le mandat des élus de la Chambre d’agriculture qui s’ouvre risque d’être un des plus compliqués de l’histoire de l’organisme consulaire. D’abord parce que l’abstention record traduit « une résignation » des agriculteurs, comme l’a évoqué Claude Cochonneau, président national des chambres. Si l’on s’en tient aux chiffres bretons, les représentants de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, largement élus, ne sont numériquement soutenus que par 7 212 agriculteurs sur un total de 35 585, soit 2 sur 10.
Les nouveaux élus ne pourront pas ignorer les attentes des 7 654 agriculteurs qui ont voté pour les deux listes opposées et surtout les 20 000 autres qui se sont abstenus. Ignorer cette réalité des chiffres participerait à attiser cette résignation qui gagne aussi les campagnes bretonnes et menace le renouvellement des générations.
Le mandat s’annonce compliqué encore, car, comme toutes les institutions, la Chambre est tenue pour responsable par une fraction d’agriculteurs des difficultés qu’ils vivent. Les commentaires, parfois édifiants, parus sur les réseaux sociaux sitôt les résultats des élections connus, transpirent de cet état d’esprit qui se généralise dans nos sociétés occidentales. Pour contrer cette opinion sans fondement, il va falloir rechausser les bottes.
Car la résignation évoquée par Claude Cochonneau peut aussi être interprétée comme un appel à l’aide. Écouter, c’est ce que devront donc faire les Chambres. Écouter pour comprendre et pour guider. C’est le préalable pour accompagner les agriculteurs sur les chemins de l’avenir. Avec la diminution des budgets qui affecte l’organisme consulaire et sa nouvelle organisation régionale qui l’éloigne de sa base, la tâche ne sera pas facile. Mais pourtant tellement nécessaire.
