Pour Frédéric Courleux, une meilleure rémunération à la production passe par une organisation des éleveurs et une gestion des volumes. Une voie qui va être favorisée par la future Pac.
« L’organisation est le seul point sur lequel vous pouvez encore progresser », a déclaré Frédéric Courleux, directeur des études Agriculture stratégies, à l’assemblée générale de France Milkboard Grand Ouest, le 13 février à Gosné (35). Et d’ajouter que des opportunités seront à saisir par les producteurs dans le cadre de la Pac post-2020. « Il y a une volonté d’étendre aux autres secteurs ce qui existe en fruits et légumes : des OP (organisations de producteurs) sont financées pour mettre en place des programmes opérationnels favorisant un meilleur équilibre entre offre et demande. »
« Un désavantage organisationnel en France »
Des solutions qui sont d’ores et déjà utilisées par les légumiers du Nord Bretagne. « En vin de Champagne, l’organisation mise en place rassemble 10 000 producteurs et 36 000 ha. Elle a permis de réguler l’offre et parvenir à un juste partage de la valeur ajoutée. Des rapports de force plus équilibrés existent aujourd’hui. »
Par rapport aux États-Unis, au Québec, où la formation du prix est institutionnalisée, et même aux Pays-Bas et Danemark où les grosses coopératives organisent une péréquation interne, la France souffre d’un désavantage organisationnel. « Dans certains pays, le 2e pilier de la Pac a été utilisé pour financer des OP. Cela n’a pas été le cas en France. »
Des aides couplées uniquement pour les membres d’OP ?
Autre position intéressante de l’Union européenne, « certaines aides couplées (vaches…) seraient conditionnées à la participation à une OP. On en parle… » Du côté des coopératives, « elles doivent se sentir concernées par la gestion des volumes et tendre la main aux OP », souligne Frédéric Courleux. « Si elles ne le font pas, des OP pourraient naître en leur sein comme c’est le cas chez Sodiaal. »
Pour l’économiste, la régulation des volumes prime. « La crise laitière de 2015-2016 a été beaucoup plus longue que celle de 2009. L’aide à la réduction de la production laitière a été mise en place en juillet 2016 et l’écoulement des stocks n’a commencé qu’en avril 2018. Cette mauvaise gestion a coûté 2 milliards € aux agriculteurs. Réguler coûte toujours moins cher. »
Cours en hausse à l’international
Sur 2019, il pourrait y avoir une embellie des prix en production laitière car les stocks sont dégagés et la collecte est en baisse en Europe du fait de la sécheresse et des arrêts de production. « Les cours se redressent à l’international. Mais d’un autre côté, la production s’accroît en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. » Frédéric Courleux insiste : « Il faut poursuivre la structuration et réfléchir à la gestion des crises. »