Le fils d’agriculteur de Pont-Melvez (22) vient d’obtenir le titre de meilleur ouvrier de France. Cette distinction est le fruit de plus de 15 ans de travail et de passion pour les concours. Mickaël Rault possède un palmarès à faire pâlir les plus grands sportifs puisqu’il a gagné presque toutes les compétitions possibles pour un fleuriste.
Depuis quelques mois, un meilleur ouvrier de France (Mof) exerce en centre-ville de Pontivy (56). Lorsque l’on évoque ce titre, on pense en premier lieu à la restauration et ces chefs souvent étoilés qui arborent fièrement le col bleu blanc rouge sur leur veste, symbole de cette distinction qu’ils gardent pour toute leur carrière. Mais ce titre de meilleur ouvrier de France est décerné tous les 3 à 4 ans à plus de 200 métiers. Pour trouver la boutique de Mickaël Rault qui vient d’obtenir le titre de Mof, il faut emprunter la rue du Général de Gaulle puis prendre la rue Lorois et rentrer chez Art et Végétal. En poussant la porte, on découvre un endroit à la décoration épurée où les fleurs se mêlent subtilement aux autres espèces végétales. Très rapidement, une bonne odeur de fleurs fraîches vous transporte. Mickaël Rault, premier fleuriste breton meilleur ouvrier de France, se trouve au fond du magasin, derrière un petit comptoir à créer une nouvelle composition florale pour un client.
Repartir à zéro pour passer un CAP fleuriste
Malgré ce titre, le fleuriste garde les pieds sur terre et ses origines agricoles y sont certainement pour quelque chose. « Mon père était agriculteur en production laitière sur la commune de Pont Melvez (22). J’ai toujours donné un coup de main sur l’exploitation lorsqu’il en avait besoin. J’ai fait des études générales car je ne savais pas vers quel domaine m’orienter. J’avais une certitude, le milieu du végétal me plaisait et j’aimais particulièrement passer du temps dans le grand jardin de la maison familiale. Mais je n’étais pas plus passionné que ça par les fleurs », raconte Mickaël Rault.
Il aurait très bien pu intégrer une école d’horticulture, mais après un stage chez un fleuriste, il décide de s’orienter vers ce métier. « Après ma première, j’ai décidé de repartir à zéro et de passer un CAP fleuriste par apprentissage puis de poursuivre sur un brevet professionnel. Les études générales manquaient de concret, étaient trop théoriques et j’avais très envie de créer. » Mickaël Rault a fait son apprentissage à Pontivy chez le fleuriste qui lui a fait découvrir le métier en le prenant en stage. À l’âge de 21 ans, après 4 ans d’études, il rachète l’entreprise de ses patrons.
Un premier concours qui donne envie d’aller plus loin
Cela fait 14 ans que Mickaël Rault est à la tête de son magasin de fleurs. « J’ai créé mon entité, mon univers, fait des travaux et, petit à petit, j’en ai fait un lieu à mon image. Je voulais une ambiance nature, j’ai agrandi l’espace de vente pour avoir plus d’espace et que cela soit épuré et aérien. » Les concours n’étaient pas une vocation pour le fleuriste, ce sont ses anciens patrons qui l’ont initié et inscrit à son premier concours sans le lui dire. Il se rappelle : « C’était un petit concours départemental, j’étais très stressé au début car je suis de nature timide. J’ai découvert un autre univers bien loin de ce que je vivais en boutique. Ce premier concours m’a donné envie de poursuivre, d’aller plus loin. C’est lors de ces compétitions que nous pouvons vraiment nous lâcher et créer sans contrainte budgétaire. Cela m’a permis d’être moins timide et de prendre confiance en moi. »
Un palmarès impressionnant
En 15 ans, Mickaël Rault a enchainé les concours. Il a remporté des titres départementaux et régionaux pendant 5 ans. En 2009, il franchit un cap en se hissant en finale de la coupe de France des fleuristes, l’année suivante il devient champion de France. « Je suis breton et un peu têtu, je voulais absolument gagner ce titre qui m’avait échappé de peu en 2009. » En 2011, il découvre le concours de meilleur ouvrier de France de l’intérieur en tant qu’assistant d’un candidat participant à la finale. En 2015, Mickaël participe au Championnat du monde des fleuristes et obtient la médaille d’or.
« J’ai souhaité participer à ce concours pour préparer celui de meilleur ouvrier de France qui arrivait 3 ans plus tard. » 2018 est donc l’année de l’obtention du Graal, celui de meilleur ouvrier de France en classe art floral. La phase finale comporte 6 épreuves réparties sur 3 jours pour un équivalent de 23 heures de travail. Une des épreuves les plus longues durait 5 heures et consistait à créer une structure en hommage à un agriculteur à partir d’un ballot de paille. « Cela aurait dû être un joli clin d’œil à mes racines agricoles, mais c’est l’épreuve que j’ai la moins réussie. Heureusement que ça ne me coûte pas le titre sinon j’en aurais entendu parler longtemps », conclut le fleuriste.
Art et végétal : 10 rue Lorois – Pontivy (56) – 02 97 25 03 74