Porc : « J’ai fait le choix de repartir sur un bâtiment neuf de naissage »

 - Illustration Porc : « J’ai fait le choix de repartir sur un bâtiment neuf de naissage »
Le nouveau bâtiment d'engraissement livré en 2018 comprend 1 950 places.
Un outil de travail « dernier cri », un éleveur qui maîtrise son sujet et affiche sa confiance en l’avenir… On en oublierait presque que la vie professionnelle de Frédéric Baudet n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Mais cet éleveur de porcs costarmoricain a toujours su surmonter les difficultés pour continuer à tracer sa route.

D’autres auraient baissé les bras, changé d’orientation professionnelle, pris un nouveau départ. Frédéric Baudet, lui, a gardé le cap. Et le succès remporté par la journée portes ouvertes organisée sur son exploitation, en novembre dernier, est venu couronner le parcours d’un homme qui, malgré les coups du sort – et il en a connu plus que sa part -, n’a jamais renoncé à son métier d’éleveur de porcs.

Fort de 10 années d’expérience en tant que salarié dans un élevage porcin, Frédéric, poussé par l’un de ses anciens patrons, s’installe après un tiers, en août 2011. « En réalité, j’avais commencé ma démarche à partir de 2007. Au total, j’ai monté trois dossiers d’installation. Pour le deuxième, 15 jours avant la date prévue pour le démarrage, le cédant a changé d’avis… Il m’a fallu un peu de temps pour le digérer. Mais aujourd’hui, avec le recul, je me rends compte que ces deux premiers échecs m’ont servi par la suite. Cela m’a construit et forgé ».
Pour accompagner financièrement son projet professionnel, Frédéric sollicite deux établissements bancaires. « Je souhaitais m’installer sans apport personnel. J’étais prêt à m’investir totalement mais je ne voulais pas embarquer toute ma famille dans cette aventure. Ma femme travaille à l’extérieur. Finalement, le Crédit Mutuel de Bretagne a compris ma démarche et m’a suivi ».

[caption id= »attachment_39036″ align= »aligncenter » width= »720″]La journée portes ouvertes organisée en novembre a attiré 700 personnes. La journée portes ouvertes organisée en novembre a attiré 700 personnes.[/caption]

Se remettre en selle

L’installation s’effectue à Maroué (22) sur une structure sans terre de 240 truies, en tant que naisseur-engraisseur. « Sur place, je n’avais que 1 100 places d’engraissement, le reste partait donc en façonnage ». Puis, après quelques années, Frédéric saisit une opportunité et rachète un bâtiment d’engraissement de 1 500 places. Situé à deux kilomètres de son exploitation, cet équipement lui permet de devenir autonome, à partir de septembre 2015.

[caption id= »attachment_39034″ align= »alignright » width= »159″]Frédéric Baudet, Éleveur à Maroué (22) Frédéric Baudet, Éleveur à Maroué (22)[/caption]

S’appuyant sur ses bons résultats techniques, l’éleveur envisage alors de refondre sa structure de naissage et d’augmenter le nombre de truies à l’horizon 2019. Mais un double sinistre va venir modifier ses plans. À la mi 2016, à un mois d’intervalle, ses deux bâtiments sont détruits par des incendies d’origine électrique. L’homme a beau être un battant, cette fois il accuse le coup. « J’étais démotivé, surtout que comme nous avons fait construire notre maison juste à côté, j’avais les restes de l’incendie sous les yeux tous les jours ». Fan de vélo, Frédéric n’a même plus le goût de rouler. Heureusement, un garçon de son club le relance à plusieurs reprises. Reboosté par son entourage, il se remet en selle et retrouve l’envie. Pour le sport et pour son métier. Après avoir étudié toutes les possibilités s’offrant à lui – arrêter, rebâtir, reprendre un autre site… – , Frédéric opte finalement pour la reconstruction de son outil de travail. En accord avec le CMB qui procède alors au ré-étalement de ses prêts.

« J’ai fait le choix de repartir sur un bâtiment neuf de naissage de 300 places dès 2017. Et puis, l’année dernière, c’est le nouvel équipement d’engraissement qui a été livré : 1 950 places sur système Trac (traitement par raclage Cooperl). Le bâtiment est construit avec une pente qui permet à l’urine de s’écouler par gravité, explique Frédéric. Les excréments, eux, sont évacués par des racleurs qui coulissent sous les cases des cochons trois fois par jour ». Au final, ce système de séparation de phase permet d’aboutir à une partie solide très méthanogène qui est valorisée ensuite dans une usine de méthanisation de la Cooperl.

Une solution d’avenir

Tout bien pesé, le dynamique trentenaire estime que son bâtiment amorti sur 15 ans lui revient « aux alentours de 370 euros la place », soit un coût comparable à celui d’un équipement classique. « Avec ce nouvel outil, j’ai pu diminuer mon plan d’épandage de 50 %, un vrai atout pour moi qui suis sans terre ». Autre avantage : l’ambiance de travail. « Cela ne sent plus du tout l’ammoniac. Les premiers cochons sont entrés début décembre. Il n’y a pas de stress, les animaux sont bien. Auparavant, j’obtenais de bons résultats dans des bâtiments qui avaient déjà pas mal vécu. Là, j’ai hâte de voir ce que cela va donner ! C’est sûr qu’à deux UTH pour 300 truies, il y a de quoi faire. Mais, je suis content de me lever chaque matin. Et j’ai confiance en l’avenir ». Car il est une certitude : le meilleur reste forcément à venir !

Un battant qui va de l’avant

Frédéric Baudet est quelqu’un de passionné, c’est un battant qui va toujours de l’avant. Il a su rebondir après les sinistres qui ont touché son exploitation. Avant ces événements, il nous avait démontré tout son sérieux et sa capacité à obtenir de bons résultats techniques. Comme nous croyons en lui, nous avons décidé de le suivre et de l’accompagner financièrement dans la reconstruction des bâtiments, après avoir remis à plat les différents emprunts.Solenn Alleno, Chargée de clientèle agricole, Pôle d’expertise de Lamballe (22)

Jean-Yves Nicolas


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