De tout temps, des agriculteurs se sont regroupés pour échanger, partager leurs succès et leurs échecs et ainsi innover. A Triskalia, 3 de ces groupes sont labellisés GIEE, (Groupement d’intérêt économique et environnemental) par les pouvoirs publics. Trois agriculteurs, Bernard de la Morinière, Philippe Gallou et Gilles Le Meur, témoignent.
« C’est la façon la plus stimulante et la plus sécurisante de faire évoluer ses pratiques », explique Bernard de la Morinière, agriculteur à Saint-Brieuc-des-Iffs (35) et membre de deux groupes de progrès animés par Triskalia. De nombreuses pratiques innovantes sont ainsi testées en productions animales et végétales : introduction de puits de lumière dans les bâtiments porcins existants, ascenseurs à porcelets pour les soins, capteurs connectés au champ et dans les bâtiments d’élevage, baisse des consommations de produits phytosanitaires, gestion des couverts végétaux, bandes fleuries… Une seule règle : Ne rien s’interdire !
Trouver des solutions
Philippe Gallou est éleveur de porcs à Pleyben (29) et a contribué à l’émergence d’un groupe de progrès sur les bâtiments porcs de demain. Pour lui, le partage des expériences et des réflexions sur ce sujet était une évidence : « Il faut trouver des solutions concrètes permettant de concilier performances économiques, respect des animaux et de la nature, sur des exploitations plus faciles à transmettre. » Selon Bernard de la Morinière, « on rentre dans un groupe par curiosité, par intérêt pour toutes les innovations agricoles et pour échanger sur des prises de risque. Naturellement tout le monde a peur de raconter ses échecs. Pourtant, contrairement aux réussites, on progresse beaucoup plus grâce à nos échecs car ils provoquent une remise en question et la recherche de solutions. » Enfin, dans le cas de Gilles Le Meur, producteur de légumes à Cléguerec (56), ce sont les interdictions de molécules phytosanitaires et la volonté de mieux répondre aux attentes des consommateurs qui l’ont poussé à intégrer un groupe de travail. Son objectif étant de trouver des solutions alternatives efficaces : « On n’avance pas tout seul, il y a de nombreuses pratiques simples que l’on peut reprendre de son voisin, sans se compliquer la vie. Le travail de groupe permet aussi de faire germer de bonnes idées que l’on aurait pas forcément eu seul. »
[caption id= »attachment_39255″ align= »aligncenter » width= »720″] Expérimentation de sondes d’ambiance connectées dans l’exploitation d’un éleveur du groupe « Bâtiment porcs de demain. »[/caption]
Des résultats concrets
Et les résultats sont là. Dans le groupe spécialisé en polyculture-élevage, le partage de références révèle des stratégies permettant d’améliorer les marges nettes jusqu’à plus de 200 € par ha. Certains y parviennent en réduisant les charges de mécanisation, d’autres en adaptant leurs rotations et en réduisant leur consommation de produits phytosanitaires, en atteignant parfois une baisse de près 50 % sur les fongicides.
Sur les cultures de haricots, de nouveaux itinéraires techniques agroécologiques sont mis au point, en combinant le recours à des produits de biocontrôle, des outils d’aide à la décision et du désherbage mécanique de précision. Ainsi, la pression de maladie est réduite par l’application sur le sol de Contans® WG, un champignon parasite du Sclerotinia. L’utilisation d’Outil d’aide à la décision (OAD) prenant en compte l’historique parcellaire, la variété, la hauteur de végétation ainsi que les conditions météorologiques permet d’améliorer et de réduire l’utilisation de fongicides. Lorsque ce traitement est nécessaire, les producteurs peuvent faire appel à une technologie de drône permettant de cibler les zones de la parcelle à traiter. Le désherbage et le risque de contamination des récoltes par des plantes toxiques comme le datura ont abouti à l’adaptation, avec les agriculteurs, d’une solution de binage par guidage caméra garantissant une précision à 2 cm.
[caption id= »attachment_39254″ align= »aligncenter » width= »720″] Le GIEE Polyculture-élevage a visité de la ferme expérimentale de Grignon (78) qui teste et développe des pratiques agroécologiques en cultures et élevage bovin.[/caption]
Le rôle de la structure accompagnatrice
Le rapprochement des agriculteurs avec une structure accompagnatrice comme Triskalia a permis de mesurer et chiffrer ce qu’ils expérimentent, pour identifier des pratiques innovantes. La coopérative met ainsi à disposition des moyens humains et matériels pour coordonner les actions du groupe, expérimenter du matériel spécifique, organiser des voyages d’étude et solliciter des interventions d’experts pour aider le groupe à progresser.
« Le rôle du conseiller est très important, » confirme Bernard de la Morinière, « car en se plaçant en animateur de groupe, celui-ci instaure un climat de convivialité et de bienveillance propice au partage d’expériences et de savoir-faire. »
L’implication de la coopérative dans ces groupes offre aussi la possibilité de relayer et diffuser les innovations auprès des agriculteurs du territoire, et plus largement auprès des acteurs de la filière. Ce relais permet de diffuser à la fois les réussites mais aussi les contraintes des agriculteurs aux acteurs de la filière. À cet égard, l’obtention d’une labellisation GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) par la Draaf de Bretagne constitue une reconnaissance publique des efforts réalisés dans ces groupes pour identifier des pratiques toujours plus vertueuses. Vous souhaitez rejoindre un groupe de progrès ? Parlez-en à votre technicien Triskalia !
Damien Craheix / Triskalia