En se formant techniquement aux cultures maraîchères, des demandeurs d’emploi répondent à la demande de main-d’œuvre qualifiée, comme en culture de tomates.
« Certains de mes collègues producteurs de tomates ne peuvent pas diversifier leur production, faute de main-d’œuvre qualifiée », relève Loïc Conan, serriste installé à Plourivo. La problématique de trouver des saisonniers qualifiés se fait sentir, et les cultures légumières et maraîchères peinent à trouver les bras nécessaires à la production. À cela s’ajoute l’attention particulière que demandent les variétés anciennes ou olivines, nécessitant 3 personnes de plus à l’hectare en comparaison à une production de grappe classique, car les tailles et les conditionnements sont particuliers.
Pour remédier à cette pénurie, une démarche innovante a été lancée il y a maintenant 15 ans. En créant un programme d’action de formation préalable au recrutement (AFPR), menée par l’Anefa 22, les antennes Pôle Emploi de Guingamp et de Lannion, le centre de formation Ireo de Lesneven (29) et l’UCPT, les demandeurs d’emploi du bassin de production de légumes sont formés à ces métiers spécifiques. En alternant entre formations théorique et pratique, ces saisonniers font leurs armes avant de démarrer la saison sous serre. Et le protocole marche. « 80 % de ces saisonniers finissent leur contrat, et la moitié reviennent l’année suivante », chiffre Bertrand Quémard, du Pôle Emploi de Guingamp.
60 personnes formées par an
Cette formation technique peut aussi faire naître des vocations. Le territoire « dispose de compétences de proximité », note Bertrand Quémard. Et Hervé Conan, président de l’Anefa 22, d’ajouter que « certaines personnes formées passent ensuite à temps plein. Il y a ainsi un renouvellement ». Ces 15 dernières années réussies ont vu passer une soixantaine de personnes par session, de quoi répondre en partie à la demande des employeurs. Le principe de cette AFPR, dispensée après 2 jours d’immersion, suivie d’une formation d’1 mois en salle et sur le terrain, redonne aussi goût au travail à certains demandeurs d’emploi. « C’est une façon de rebondir professionnellement. Des saisonniers sont ainsi repartis dans leur propre filière, comme dans la restauration », conclut Guillaume Rostoll, de l’UCPT. Le passage par la case tomate remotive alors le travailleur.