L’homme a besoin de vivre de belles histoires. Individuelles et collectives. En marge de la confrontation inquiétante entre les USA et la Chine pour le leadership de la plus grande puissance mondiale, l’Europe peut aujourd’hui se démarquer en jouant la carte du climat. C’est l’avis de grands économistes et climatologues, comme le Breton Jean Jouzel, qui estiment qu’œuvrer pour un ciel clément peut être la grande histoire collective de ce XXIe siècle. Il suffit de vouloir. L’Europe en a les moyens. La BCE n’a-t-elle pas réussi à injecter 1 000 milliards d’euros en quelques jours pour éviter le chaos financier en 2008 ? Onze ans plus tard, elle continue de générer 80 milliards de disponibilités supplémentaires par mois. Orienter chaque année l’équivalent de 2 % du PIB vers la transition climatique serait efficace pour atténuer la courbe des températures, assure l’économiste britannique Nicholas Stern. Et donnerait du sens à ces tombereaux d’argent : léguer à nos enfants et petits-enfants une planète où il fait bon vivre.
Pour entraîner la population dans cette formidable aventure, les politiques publiques doivent privilégier l’encouragement au détriment de la coercition. Des pays, comme la Suède, la Suisse, l’Irlande, ont montré que la population adhère à des politiques incitatives. Les grands projets relatifs à l’isolation des bâtiments, aux politiques de transport, etc. sont susceptibles de contribuer à maîtriser la hausse des températures. L’agriculture a aussi sa carte à jouer en opérant une profonde transition. Quand on sait que 70 % des rendements agricoles dépendent de la nature et que la main de l’homme n’y compte que pour 30 %, on mesure l’ampleur du changement possible. Palpitant comme projet non ?