Pour Déborah Temple, vétérinaire chercheur à l’université de Barcelone, le bien-être animal peut être un allié de la production. Elle présente des essais récents sur les nouvelles cases maternités.
[caption id= »attachment_39441″ align= »alignright » width= »158″] Déborah Temple, Vétérinaire chercheur.[/caption]
« Comme toutes les femelles suidés, les truies font un nid avant la mise bas. Si on le leur interdit, elles sont stressées. Ce stress peut inhiber la sécrétion d’ocytocine », assure la spécialiste du comportement et du bien-être des animaux d’élevage. Une spécificité qui pose les problématiques de l’espace et du matériau. « Nous expérimentons, comme un peu partout en Europe, des cases maternité en semi-liberté de 6 m2 de surface environ». Les deux types de cases testés par Déborah Temple et son équipe, sont classiques, avec caillebotis plastique (partie en fer) et ont un nid à porcelets sous capot avec fermeture possible. Les caméras de surveillance ont permis d’étudier le comportement des truies. Elles sont bloquées le jour avant la mise bas et deux jours après. « Les truies (de race Duroc) manipulent la paille et certaines font leur nid avant d’être bloquées.
Elles poursuivent cette activité la veille de la mise bas même avec moins d’espace. Après la naissance, elles reprennent plus rapidement une activité. Les porcelets jouent également plus tôt dans ces cases (par rapport à des cases bloquées) ». La conduite ne pose pas plus de problèmes pour les porchers. L’ouverture des cages prend de 15 à 40 secondes selon la configuration de la case.
Plus d’ocytocine
Ces essais, réalisés en 2018, ont donné des résultats favorables à la liberté. Les portées de 12 porcelets ont subi 4,5 % d’écrasés (pas de différence avec des cases bloquées). « Le pic a lieu durant les 6 heures après l’ouverture de la cage ». Le GMQ des porcelets est de 260 g/jour contre 227 g/jour s’ils sont bloqués. La chercheuse avance une explication : « Les truies sont moins stressées en semi-liberté. La sécrétion d’ocytocine est plus élevée. La production laitière est plus forte et les tétées un peu plus longues ». Elle assure également que : « Les éleveurs sont satisfaits ; leur travail est plus gratifiant ». Ces essais demandent à être reconduits avec des truies moins rustiques, peut-être moins maternelles et plus productives. « C’est vrai que ces truies Duroc, avec lesquelles nous avons fait ces essais, réagissent très vite aux cris de leurs porcelets »… La spécialiste semble convaincue que le mouvement vers la case liberté est lancé. Elle n’a qu’une question à ce niveau : « Je ne sais pas si c’est la réglementation ou le marché qui l’imposera »…