Apiculture : « Le plus beau bureau du monde »

Johanna Harris (à droite), devant ses hausses prêtes à l’emploi pour la prochaine saison, en compagnie de Tiphaine Daudin, conseillère apiculture au GIE Élevages-ADA Bretagne. - Illustration Apiculture : « Le plus beau bureau du monde »
Johanna Harris (à droite), devant ses hausses prêtes à l’emploi pour la prochaine saison, en compagnie de Tiphaine Daudin, conseillère apiculture au GIE Élevages-ADA Bretagne.
Johanna Harris a posé ses premières ruches à Bannalec (29) en 2010. Elle est apicultrice professionnelle depuis 2017. Diversification dans la diversification, elle a démarré la fabrication de chouchenn.

« Du miel, de l’eau et un ferment à base de fruits ». On n’en saura pas plus sur les assemblages. En tout cas pas assez pour laisser filtrer le secret de fabrication du chouchenn de la ferme de Rumérou. Chaque fabrication découle d’un savoir-faire propre. « Le mien, explique Johanna Harris, je le dois à un voisin qui m’a transmis sa recette ». Cette discrétion sur l’élaboration du breuvage à la robe ambrée sera propice à la construction d’une histoire ; et plus tard, peut-être, à une légende autour de cet élixir des Celtes qui sera prochainement commercialisé sur la ferme bannalécoise. Pour l’heure, les premières cuvées de chouchenn s’affinent dans de grosses barriques de 220 L. « C’est un produit qui a besoin de mûrir de longs mois, à l’image du vin », explique l’apicultrice.

Éleveuse d’abeilles

En amont de l’épanchement attendu du précieux liquide par la chantepleure s’amoncèlent moult tâches d’apiculture. « Mon premier métier est d’élever des abeilles – de la Noire de Bretagne – pour produire du miel que je commercialise localement, dans une quinzaine de petits commerces », indique la jeune femme qui a découvert la profession « un peu par hasard ». « J’ai postulé pour un poste dans la vente et l’animation de visites guidées chez un apiculteur. Puis, au bout de quelques années, j’ai eu envie d’en faire mon métier ».
En quête d’un lieu pour exercer son activité, Johanna Harris a posé ses valises dans une ancienne ferme. Dans un secteur vallonné, d’élevage et de cultures, propice à une grande variété de fleurs. « Ne disposant pas de terre, j’ai contacté des agriculteurs et des particuliers pour installer mes ruches dans leurs champs. Aujourd’hui, on vient même me solliciter », se félicite-t-elle, en parlant d’un échange gagnant-gagnant ; les cultures bénéficiant de l’effet pollinisateur et les ruches se remplissant de miel.

Vingt ruches en 2015, puis 200 en 2017 – nombre correspond à une SMA : surface minimum d’assujettissement – , cette ferme apicole du Sud-Finistère compte 315 ruches en 2019, pour atteindre les 350 en 2020. « Un nombre qui doit permettre d’approcher le revenu que je me suis fixé à l’installation », situe l’apicultrice qui, parallèlement à la production, aménage un magasin de vente couplé à un local pédagogique.

Mener de front la production, la fabrication et la commercialisation des produits n’est pas de tout repos. « À cette période-ci de l’année, c’est plus calme. Mais au 15 mars, la saison redémarre avec l’éclosion des premières fleurs », explique Johanna Harris qui montre ses rehausses nettoyées et empilées, ses cadres gaufrés parés pour la campagne qui s’annonce. Commencera alors la longue saison des visites régulières des ruches, de la pose de hausses, de la surveillance sanitaire, du dédoublement d’essaims pour créer de nouvelles colonies… et bien sûr de la récolte. Un travail prenant, physique – chaque rehausse pèse une quinzaine de kg – et très dépendant de la météo. « Mais tellement plaisant. J’ai coutume de dire que travailler dans la nature, c’est le plus beau bureau du monde ».


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