Le bio est pris de frénésie. Pas seulement en Bretagne qui comptabilise désormais près du tiers de ses installations en bio. Encouragé par son gouvernement, le Danemark a quant à lui l’ambition de devenir le premier pays d’Europe 100 % agriculture biologique. Et surtout de conquérir les marchés extérieurs : 50 % de la production porcine bio danoise est déjà exportée et le pays mise sur une augmentation de ses exportations de 10 % par an dans les années à venir pour l’ensemble de ses produits agricoles bio. Les Vikings sont des conquérants… Scénario similaire 2 500 km plus au sud pour les fraises espagnoles qui inondent les étals français. Fussent-elles cueillies par une main-d’œuvre féminine asservie… Mais le bio n’est pas seulement une affaire européenne : au Brésil et en Argentine, le soja à la petite feuille verte est produit sur des exploitations de plusieurs milliers d’hectares.
L’alimentation bio produite à des milliers de kilomètres du lieu de consommation est à mille lieues de l’esprit qui animait les pionniers de ce mode de production. Probable aussi que le consommateur tiquera quand il découvrira la duperie. Car l’acte d’achat bio se veut autant un soutien social à la production locale, à l’environnement, aux territoires. Des valeurs éthiques aux antipodes de celles incarnées par l’expansion planétaire – et financière – du bio. Le nouveau règlement européen sur l’agriculture biologique promis pour 2021 apparaît à ce titre comme un encouragement à l’industrialisation. La parade ? Se différencier avec un label « bio cohérence », répondent les Français. Se différencier en coopérant avec les associations welfaristes, voire antispécistes, répondent les Néerlandais. Comme si le bio conventionnel était déjà en passe d’être largué…