Si les variétés de céréales à paille présentes sur le marché sont de moins en moins sensibles aux attaques de septoriose et de rouille jaune, la protection de la dernière feuille étalée par le T2 est à optimiser pour maximiser le rendement en grain.
Pour lutter au mieux contre les maladies foliaires du blé tendre, il est important de prendre en compte les éléments suivants en amont : le contexte parasitaire moyen de la région, les facteurs agronomiques tels que la tolérance variétale aux maladies et une réflexion sur le positionnement et l’alternance des matières actives. Au cours de l’année, ce programme est à adapter en fonction du développement des maladies.
70 € pour lutter contre les maladies foliaires
[caption id= »attachment_39708″ align= »alignright » width= »192″] La septoriose se manifeste par des tâches brun-roux ovales avec pycnides.[/caption]
Il est naturellement difficile de prévoir ce que sera la saison prochaine, aussi bien la pression de maladies que le cours des céréales. Ainsi, une dépense de 70 €/ha (pour un prix du blé proche de 16 €/q) apparaît comme une enveloppe repère pour faire face à une pression de maladie moyenne (de l’ordre de 20 q/ha). Cette enveloppe est à faire varier en fonction de la pression maladie de l’année et de la sensibilité de la variété.
Attention, ces repères ne valent que pour les pertes occasionnées par les maladies foliaires, c’est-à-dire septoriose et rouilles. Si d’autres risques, comme la fusariose, le piétin verse ou l’oïdium, ou un traitement précoce contre la rouille jaune s’y ajoutent, la dépense doit être adaptée en conséquence.
Des outils pour s’adapter
Prendre en compte les tolérances variétales
Le progrès génétique nous permet aujourd’hui d’avoir à notre disposition des variétés de moins en moins sensibles à la septoriose et à la rouille jaune comme : Fructidor, LG Absalon, Mutic, RGT Cesario. Cultiver ces variétés, est un premier moyen pour lutter contre les deux principales maladies dans notre région à savoir la septoriose et la rouille jaune. Si le climat est peu propice au développement des maladies au début du cycle (2 nœuds – dernière feuille étalée), l’impasse du premier traitement est possible.
Un programme à 1, 2 ou 3 applications
• Traitement en T1 (2 nœuds à dernière feuille pointante) : Sur septoriose, pour un coût proche de 30 €/ha, les triazoles associées au chlorothalonil sont de bonnes bases pour le T1. Ils permettent d’assurer une protection suffisante de la plante avant le T2 qui constituera le traitement pivot essentiel afin d’assurer une protection optimale contre les maladies.
Les meilleurs résultats sont obtenus avec les mélanges Djembe 0,6 à 0,8 L/ha + Fungistop FL 1 L – Juventus 0,6 à 0,7 L + Bravo 0,6 L – Diapazon 0,75 L + Bravo 0,75 L. En cas de risque piétin-verse, on préfèrera recourir aux variétés résistantes. Si un traitement s’avérait absolument nécessaire, l’association de métrafénone et de cyprodinil semble la solution la plus adaptée aux situations où le piétin verse est très présent.
• C’est le second traitement qui assure : Ce traitement procure la meilleure rentabilité (cf tableau). En complément des triazoles, les SDHI (Adexar, Ceriax, Kardix, Librax, Elatus Era…) trouvent leur place en T2, du stade dernière feuille au stade épiaison. Ces solutions apportent un réel progrès. Le T2 sera généralement effectué entre le stade dernière feuille étalée et le stade épiaison, c’est-à-dire lorsque 50 % des épis sont à moitié sortis de la gaine. Trop souvent, un délai trop important (supérieur à 21 jours) entre le T1 et le T2 amène à traiter tardivement. La dernière feuille est alors traitée en curatif et les traitements appliqués sont moins efficaces.
• Traitement T3 en cas de risque fusariose : En cas de risque de fusariose, notre préférence va vers Prosaro ou Kestrel. Ce traitement doit être réalisé au début de sortie des étamines. Lorsque le blé est en pleine floraison, il est trop tard pour intervenir. Il est impératif de ne pas descendre en dessous de 150 L/ha ; 180 à 200 L/ha apportant la meilleure efficacité.
Du soufre en biocontrôle au T1
Élodie Quéméner, Éric Masson, Arvalis-Institut du Végétal